Devant un parterre d'élus locaux, presque tous les candidats à l’élection présidentielle, à l’exception d’Emmanuel Macron et d’Éric Zemmour qui étaient absents, ont plaidé pour une plus grande autonomie des collectivités locales.
Face aux élus locaux, les candidats à la présidentielle ont exposé mardi 15 mars leurs propositions pour décentraliser les pouvoirs. La réunion, qui s'est déroulée à Montrouge (Hauts-de-Seine), en région parisienne, était organisée par l'Association des maires de France (AMF), Régions de France et l'Assemblée des départements de France (AdF). Seuls Éric Zemmour et Emmanuel Macron n'y ont pas participé.
De la fibre pour tous, des incitations fiscales ou encore des "commissaires à la reconstruction" : voici par ordre de présentation les projets pour les territoires, présentés mardi par dix des douze candidats à l'Élysée, lors de leur audition par les principales associations d'élus.
• Une nouvelle loi (Fabien Roussel)
Quarante ans après les lois Defferre sur la décentralisation, le communiste François Roussel promet une "vraie loi" pour redonner des moyens aux collectivités. Il estime que les mandats d'Emmanuel Macron et de François Hollande ont été marqués par un "recul de la décentralisation", avec "une atteinte sans précédent à l'autonomie financière et fiscale de nos collectivités", notamment avec la suppression de la taxe d'habitation, sans proposer de la rétablir.
• Reconstruire l'État (Jean Lassalle)
L'iconoclaste Jean Lassalle veut "redonner des capacités d'agir" aux collectivités. "Si, par miracle […], les Français me portent à la présidence de la République […], je promets de reconstruire l'État", a-t-il proclamé. Il entend y consacrer "3 milliards d'euros par an […] que je prélèverai sur la dotation que je verse à l'UE. Les tours de verre n'ont pas besoin de tous ces milliards", a-t-il affirmé.
• "Rééquilibrage des territoires" (Marine Le Pen)
Devant les élus, Marine Le Pen a refusé de promettre "une énième réforme" des collectivités. Mais elle propose une "politique de rééquilibrage des territoires" qui redonnerait à l'État sa "fonction d'aménageur du territoire". Elle prévoit notamment des incitations fiscales pour s'installer dans les régions rurales et la construction d'infrastructures numériques ou de transport". "Il faut remettre à plat le partage de la fiscalité entre l'État et les collectivités", a-t-elle plaidé.
• Autodétermination pour la Corse (Philippe Poutou)
Le candidat NPA Philippe Poutou a qualifié de "légitime" les récentes violences en Corse. "Nous sommes pour le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes", a-t-il expliqué, plaidant pour la "reconnaissance d'un statut, d'une langue, d'une culture et du droit pour ces populations de pratiquer leur culture au quotidien et de s'organiser comme elles le souhaitent".
• "Moratoire" sur la fermeture des écoles (Anne Hidalgo)
La maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, qui s'est présentée comme une "girondine" [dénomination issue de la Révolution qualifiant les tenants de la décentralisation et de le province], a déploré que les élus locaux aient été "écartés et dénigrés pendant le quinquennat qui s'achève". Elle propose un "moratoire" sur les fermetures d'écoles en milieu rural et souhaite "conforter et amplifier le levier sur la formation" pour les Régions.
• Des élus "premiers de corvée" (Nathalie Arthaud)
La candidate Nathalie Arthaud (LO), qui s'est dite favorable à "l'enseignement des langues régionales dans les écoles", a refusé de faire des promesses aux élus. Mais elle s'est permis un parallèle "entre la façon dont sont traités les travailleurs, ceux qui font tout tourner dans la société […] et le mépris de l'État vis-à-vis des élus locaux". "Comme les soignants et les premiers de corvée, vous avez eu votre lot de grands remerciements […], mais ce ne sont pas les grands mots qui vous donnent plus de moyens".
• Une "République des territoires" (Valérie Pécresse)
Si elle est élue, la candidate LR Valérie Pécresse a l'intention de "mettre en place le projet de décentralisation le plus puissant de l'histoire de notre pays". Elle a défendu auprès des élus son projet de "République des territoires", présenté comme "l'une des priorités du début de son quinquennat, pour "redonner confiance aux Français dans notre politique". Elle veut notamment installer "la fibre partout" et lancer un grand plan d'investissements en infrastructures.
• Des "commissaires à la reconstruction" (Yannick Jadot)
L'écologiste Yannick Jadot propose la création de "commissaires de la République à la reconstruction" qui seraient "rattachés à un grand ministère des Territoires". "Ce n'est pas au préfet ou au sous-préfet de dire aux collectivités quel projet local doit se développer. Il faut inverser la dynamique". Il promet aussi une réforme des marchés publics afin d'y "intégrer du contenu local".
• Suppression des Régions (Nicolas Dupont-Aignan)
Comme Jean Lassalle, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignant a défendu la suppression des Régions actuelles, proposant de "recentraliser une partie de leurs compétences". Il part du constat que la "décentralisation a dérapé, dérivé, qu'elle ne tient pas ses promesses". Il propose de "reconstruire l'État" pour moins "embêter" les maires et les élus.
• Pas de "Länder" à la française (Jean-Luc Mélenchon)
"Je suis de tradition jacobine et je le reste", a prévenu l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon dans son introduction [Les jacobins sous la Révolution étaient les tenants de la centralisations]. Il considère "la commune comme la réalité démocratique fondamentale de la République française" et a l'intention d'en faire "le lieu où s'opère le goutte à goutte de la redistribution des 200 milliards d'investissements écologiques que j'envisage sur la durée du quinquennat". Sur les Régions, il a qualifié leur légitimité "d'incertaine". "Je ne suis pas d'accord […] de démembrer la France en faisant une addition de Länder, comme s'il était le modèle de la bonne organisation du territoire".