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À la une de la presse, ce mercredi 23 février, les réactions à la reconnaissance, par la Russie, de l’indépendance des territoires séparatistes de l’est de l’Ukraine. Une décision accueillie comme une déclaration de guerre par les Occidentaux, qui répliquent par de nouvelles sanctions, pour l’instant limitées, contre la Russie.

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À la une de la presse, les réactions occidentales à la reconnaissance, par la Russie, de l’indépendance des territoires séparatistes de l’est de l’Ukraine. Une décision accueillie comme une déclaration de guerre.

Après des semaines d’activité diplomatique effrénée, les quotidiens occidentaux, à l’image de Libération, font face à cette réalité : l’Ukraine est désormais "face à la guerre", et la seule question aujourd’hui, est de savoir jusqu'où Vladimir Poutine a l'intention d’aller. Pour le président américain Joe Biden, cité par le journal belge Le Soir, les manœuvres russes marquent "le début d’une invasion", d’une guerre pour laquelle des tranchées ont déjà été creusées, alors qu’on ignore encore "quelle sera la prochaine étape, si le Kremlin va annexer les territoires séparatistes, s’il y aura des combats avec l’armée ukrainienne, des bombardements et des morts par milliers".

En reconnaissant les républiques séparatistes ukrainiennes, Vladimir Poutine a mis le feu aux poudres des sanctions. Dossier spécial dans @lesoir ce mercredi

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— Le Soir (@lesoir) February 22, 2022

Aux États-Unis, The Washington Post appelle l’Occident à soutenir les "patriotes ukrainiens". Le quotidien américain cite feu le sénateur John McCain, lors l’invasion russe de la Crimée en 2014 : "le combat de l’Ukraine est aussi le nôtre… Nous sommes tous des Ukrainiens". L’Ukraine, et les spectres du passé. "Face à Poutine, sommes-nous tous des Ukrainiens ?" : en Suisse, le journal Le Temps s’interroge, lui, sur la réaction du camp occidental. À la Une, le dessin de Chapatte montre des soldats de la guerre de 14/18 dans les tranchées ukrainiennes d’aujourd’hui. "Tu vois venir quelque chose ?", demande un poilu. "Le passé", répond le soldat ukrainien.

L’option du pire en Ukraine par @chappatte https://t.co/QRjoMAQkPD pic.twitter.com/GntMcTJGkt

— Le Temps (@LeTemps) February 23, 2022

Le quotidien suisse rappelle que "la solidarité, dans la vraie vie, comme dans les rapports de force entre États n’est jamais mesurée par les mots mais par les actes", et que dans le cas de l’Ukraine, "cette solidarité ne sera jamais à un niveau susceptible de faire reculer Poutine". Le journal propose plutôt aux Européens de faire "ce simple aveu, en forme d’épitaphe" : "Désolés, nous ne sommes pas tous Ukrainiens".

Un fatalisme mêlé d’indignation, notamment du côté des quotidiens britanniques. Fidèle à elle-même, la presse tabloïd rivalise de superlatifs et de jeux de mots, pour vilipender l’attitude de Vladimir Poutine. "Stop Mad Vlad" ("Arrêtez Vlad le fou"), titre ce matin The Sun.

???????? Boris: Strop Mad Vlad

▫UK arms boost to Ukraine
▫Putin 'illogical, irrational'
@MrHarryColehttps://t.co/DNj6Rbhjio ????????@TheSun #frontpagestoday #UK ???? pic.twitter.com/5wVH4eyeEO

— ???????????????????? ???????????????????? ???????????????????? ???? (@ukpapers) February 23, 2022

The Daily Mirror tempête contre la "faiblesse" des sanctions annoncées contre la Russie, en demandant au gouvernement de "sortir immédiatement l’argent sale de la Russie du Royaume-Uni". La palme du bon goût revient indubitablement au gratuit Metro, qui promet d’attraper Poutine "par les roubles", par les roubignoles.

Beaucoup de colère également en Allemagne, où le gouvernement a annoncé la suspension du gazoduc Nord Stream 2, en représailles à l’annonce du Kremlin. "Poutine nous attaque aussi", annonce le très populaire Bild, qui se demande si les Allemands n’ont pas été "trop gentils" avec Poutine. Outre-Rhin, où le chancelier Olaf Scholz, tout comme son homologue français, d’ailleurs, s’est démené jusqu’au bout pour tenter de trouver une solution diplomatique à la crise, la déception est d’autant plus vive et la remise en question, brutale : "Une fois de plus, Poutine a trompé l’Occident", constate avec amertume le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le quotidien allemand estime que le président russe a "déchiré" ce qui était jusque-là le soubassement de la politique de Berlin vis-à-vis de Moscou : l’idée qu’à force de "patience" et de "compréhension", il était possible de parvenir à un accord avec la Russie.

Aux États-Unis, Joe Biden a également haussé le ton et annoncé de nouvelles sanctions contre la Russie. The Washington Post parle d'une "réponse calibrée face au cataclysme qui menace l'Ukraine" - des sanctions "limitées", pour le moment, mais qui pourront se transformer en sanctions "sévères et paralysantes", "si les blindés et les troupes russes se déplacent au-delà de la ligne de contact dans la région du Donbass et plus loin en Ukraine", auquel cas les États-Unis et leurs alliés seraient prêts à imposer un "isolement économique strict", à la Russie.

Le journal Izvestia, proche du Kremlin, assure que "les sanctions occidentales, bien que sensibles, ne constituent pas une menace pour l’économie russe». Et le site nationaliste Svobodnaya Pressa se moque ouvertement, pour sa part, de l’Otan, dont il met en doute la puissance, des dirigeants occidentaux, présentés comme des "imbéciles", en particulier "le vieux président américain" - tous accusés de "rêver" d’une intervention de l'Otan dans le Donbass, sans toutefois vouloir "se battre" pour le régime de Kiev.

Le journal d’opposition Novaïa Gazeta, dont le rédacteur en chef Dimitri Murato a reçu le prix Nobel de la paix l’année dernière, prévient, pour sa part, que les objectifs réels de Vladimir Poutine ne seront atteints que par "le démembrement complet de l'Ukraine". "La reconnaissance des séparatistes est une étape, pas un but", soutient le journal, qui affirme que président Poutine n'est pas le seul à faire dans le "révisionnisme historique", et qu'au moins deux autres dirigeants - le président chinois Xi Jinpijng et le président turc Recep Tayip Erdogan - "profiteront volontiers de l'effondrement de l'ordre mondial pour construire leurs propres empires sur ses décombres". Que "tous deux sont trop intelligents pour briser cet ordre eux-mêmes, mais (qu')ils seront heureux de voir comment le Kremlin joue le rôle de brise-glace".

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