Hugo Torres, ancien héros de la guérilla sandiniste et opposant au président Daniel Ortega, est mort en détention samedi, huit mois après son arrestation en juin 2021, a annoncé sa famille. Il était hospitalisé depuis le 17 décembre 2021.
L'ancien héros de la guérilla sandiniste Hugo Torres, passé dans l'opposition au président du Nicaragua Daniel Ortega pour lequel il avait autrefois risqué sa vie, est mort samedi 13 février en détention à l'hôpital à l'âge de 73 ans.
"Nous communiquons avec une profonde douleur le décès de notre père adoré", annonce un faire-part de la famille, publié par la plateforme d'opposition Unité Bleu et Blanc (Unab) dont faisait partie Hugo Torres.
Écroué le 13 juin 2021 dans la redoutable prison d'El Chipote à Managua, Hugo Torres Jimenez faisait partie des 46 opposants arrêtés par le gouvernement Ortega qui les accusait d'ourdir un complot contre lui avec le soutien des États-Unis.
Il avait été extrait de prison le 17 décembre pour être hospitalisé, selon des proches.
"De par la volonté expresse de notre père, aucun hommage funèbre, ni aucune cérémonie publique ne seront célébrés", a indiqué la famille.
Révolution sandiniste
Hugo Torres était vice-président du parti d'opposition Union Démocratique Rénovatrice (Unamos), issu en 1995 d'un courant du parti sandiniste en désaccord avec Daniel Ortega.
Il a été un des acteurs de premier plan de la lutte contre la dictature des Somoza, la famille qui a régné sans partage sur le Nicaragua entre 1937 et 1979.
Hugo Torres avait notamment mené en 1974 une opération de la guérilla pour libérer des prisonniers, dont Daniel Ortega lui-même.
"Il y a quarante-six ans, j'ai risqué ma vie pour sortir Daniel Ortega de prison", avait rappelé Hugo Torres dans une vidéo enregistrée avant son arrestation l'an dernier.
"J'ai 73 ans, et je n'aurais jamais pensé qu'à cette étape de ma vie j'allais être en train de lutter de façon civique et pacifique contre une nouvelle dictature", avait-il également déclaré.
Général à la retraite, il avait été pris dans les rafles d'opposants ordonnées quelques mois avant les élections du 7 novembre. Ces arrestations ont permis à Daniel Ortega, débarrassé de tous ses rivaux potentiels, d'être élu pour un quatrième mandat consécutif.
Prisonnier à l'hôpital
Dix-huit des 46 opposants détenus ont été déclarés coupables par la justice nicaraguayenne au cours des deux dernières semaines, et sept se sont vus infliger des peines de 8 à 13 ans de prison.
Le parquet du Nicaragua a indiqué que le général Torres était mort "des suites d'une maladie", et que la "suspension définitive" des poursuites qui le visaient avait été demandée et obtenue.
"Dès le moment où son état de santé s'est dégradé, il a été transporté dans un hôpital pour être soigné de façon adéquate, et où il a toujours été accompagné" par ses trois enfants et son gendre, a assuré le parquet.
Mais selon l'ancienne guérillera sandiniste et opposante au gouvernement Monica Baltodano, en exil, le général Torres est mort alors qu'il était prisonnier à l'hôpital et "ne pouvait presque pas se déplacer par ses propres moyens" en raison d'une inflammation des jambes.
"Nous déplorons profondément la mort d'un héros des luttes contre les dictatures qui ont dominé le Nicaragua, la dictature de Somoza, et maintenant celle d'Ortega, qui est une dictature brutale et criminelle", a-t-elle déclaré à la chaîne de télévison canal 100 Noticias, diffusée sur Internet depuis l'exil.
Le parti Unamos avait dénoncé en janvier la détérioration de la santé de son vice-président emprisonné et avait exigé en vain du gouvernement des informations sur son état de santé.
"Il a été soumis à des tortures physiques et psychologiques dans le centre de détention", a dénoncé samedi Unamos.
L'Organisation des États américains (OEA) "juge abominable le fait de maintenir en détention des prisonniers politiques atteints de maladies terminales, sans l'assistance médicale nécessaire", a-t-elle affirmé dans un communiqué.
"C'est une honte [que le général Torres] ait dû mourir en prisonnier et que son geôlier ait été celui qu'il avait lui-même libéré des prisons du somozisme", a regretté son ancien compagnon d'armes et dissident sandiniste Julio Lopez.
Avec AFP