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En Ukraine, "notre force de dissuasion, c'est notre unité" pour le Quai d'Orsay

France 24 a reçu la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Anne-Claire Legendre, mercredi. Elle s’est exprimée sur les grands dossiers diplomatiques du moment, et notamment sur les menaces que fait peser la crise russo-ukrainienne sur la sécurité internationale. Son mot d’ordre : la "cohésion" entre Paris et ses "alliés" européens et américain.

Le sort de l'Ukraine est au centre des négociations et des tractations, mercredi 26 janvier, alors que la Russie multiplie les manœuvres militaires à la frontière de l'Ukraine, laissant planer la menace d'une invasion. 

Les États-Unis ont rejeté mercredi, dans leur réponse écrite à la Russie, une des principales demandes de Moscou, en refusant de fermer la porte de l'Otan à l'Ukraine, mais assurent avoir proposé une "voie diplomatique" pour éviter une nouvelle guerre. Pendant qu'à Paris, les conseillers politiques de l'Ukraine, de la Russie, de la France et de l'Allemagne se réunissait en "format Normandie", une première depuis plus de six mois.

Anne-Claire Legendre, porte-parole du Quay d'Orsay, était l'invité de France 24. Elle répondait aux questions de Raphaël Kahane.

  • Crise ukrainienne 

La cohésion entre Paris et l’ensemble de ses "partenaires et alliés" au sein de l’Union européenne, comme du G7 et de l’OSCE est un gage de "crédibilité" face à la menace russe, insiste la porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Une agression territoriale russe en Ukraine entrainera des "conséquences massives", ainsi qu’un "coût extrêmement élevé", a-t-elle rappelé. Au sujet des sanctions, garder "une forme d’ambiguïté" sur leur nature à l’encontre de Vladimir Poutine et du Kremlin fait partie d’une "stratégie dissuasive".

La posture française est "extrêmement ferme", "peut-être plus encore" qu’en 2014 alors que Moscou annexait la Crimée. Paris soutient ainsi ses "alliés du flanc Est" et a dépêché 300 militaires en Estonie et des chars Leclerc pour soutenir "la posture dissuasive" de l’OTAN. Un soutien de ce type est également envisagé en Roumanie.

Le refus (de Washington et de l’Otan) d’exclure l’adhésion de Kiev à l’Otan relève des "fondamentaux" de la sécurité européenne, s’inscrit dans le cadre d’Helsinki endossé par la charte de Paris, qui prévoit la possibilité pour les Etats de rejoindre souverainement les alliances. "Ce principe a été accepté à l’époque par l’URSS : il demeure intangible", souligne Anne-Claire Legendre. 

La France reste "ouverte" à des discussions avec la Russie, possibles dans un certains nombre de formats.

Les discussions "format Normandie" ont permis à des représentants russes et ukrainiens de réengager une discussion. D’autres chapitres discutés dans le cadre de l’OTAN, de l’OSCE. "Tous les canaux de discussions" doivent être utilisés pour empêcher une escalade.

  • Coup d'État au Burkina Faso

Anne-Claire Legendre s’est également exprimée au sujet du récent coup d'État au Burkina Faso, appelant, outre la libération du président renversé Roch Christian Kaboré, à un "retour à l’ordre constitutionnel". Comme au Mali, la France "soutient les efforts" de la Cédéao, et poursuivra son "engagement contre le terrorisme" dans la région sahélienne, avec ses partenaires européens. La porte-parole du Quai d’Orsay a déploré le décès d’Alexandre Martin, samedi 22 janvier, (53e mort depuis le début de l'engagement de la France au Sahel en 2013), ajoutant que la France "paie le prix du sang" pour soutenir les Maliens contre la menace terroriste.  

L’intrusion de la milice Wagner dans ce pays est "une puissance de déstabilisation en Afrique" qui oblige Paris à désormais "réévaluer la situation."

  • Un Français condamné en Iran 

Anne-Claire Legendre a regretté la condamnation du Français Benjamin Brière en Iran à huit ans et huit mois de prison pour "espionnage" et "propagande", la qualifiant d’"infondée" et "inacceptable", assurant que le Quai d’Orsay œuvre actuellement "à trouver une issue positive" à cette situation. La porte-parole du Quai d’Orsay a enfin regretté la "lenteur" de Téhéran dans le cadre des négociations sur le nucléaire iranien. Ces pourparlers ont atteints un "moment d’urgence vitale" : il faut "avancer", avant que l’accord perde "tout contenu et fondement".