Avec ses cheveux roses, Iban Salvador Edu ne passe pas inaperçu sur un terrain de football. Mais c'est surtout par ses qualités d'attaquant, que le joueur de la Guinée équatoriale a marqué les esprits lors de la phase de poules. Seul joueur élu deux fois homme du match de la CAN lors de cette édition, il a largement contribué à la qualification de son équipe pour les huitièmes de finale, qu'elle disputera, mercredi 26 janvier, face au Mali.

Contre toute attente, le Nzalang Nacional a terminé deuxième du groupe E après une défaite contre la Côte d'Ivoire et deux victoires contre l'Algérie et la Sierra Leone. Iban Salvador Edu a été décisif lors des deux succès. Son harcèlement de l'arbitre et des Fennecs a découragé les Verts et sa passe décisive pour Pablo Ganet a vaincu les Étoiles du Leone. 

"On n'a pas peur de personne"

Le nouveau héros national est très fier que son équipe soit sortie "du groupe de la mort", raconte-t-il à la RTVE espagnole, avec la Côte d'Ivoire et devant l'Algérie. "'Le tenant du titre' possède des joueurs supérieurs, des individualités plus fortes, mais nous avons gagné en équipe", a-t-il analysé. "On n'a peur de personne", a également insisté Iban Salvador avant d'affronter le Mali "avec nos armes".

Alors qu'il était jusque là un joueur anonyme de deuxième division espagnole à Fuenlabrada, le footballeur âgé de 26 ans se dévoile enfin à la face du monde. Son surnom, "El Picaro", soit "Le Voleur", ou "Le Fripon", rend hommage au vice bien senti de l'homme aux mains tatouées et au centre de gravité assez bas (1,73 m).

Le superbe parcours de sa sélection lui doit beaucoup, bien que ses deux dernières saisons aient été tronquées par des blessures – entorse d'une cheville et d'un genou, blessure aux ischios-jambiers. "On ne sait même pas à quel poste il joue… Milieu gauche, défenseur…", lance ainsi admiratif auprès de l'AFP Hamari Traoré, capitaine du Mali, à propos de son futur adversaire.

"Mais il n'y a pas que lui", ajoute le Rennais, "la Guinée Équatoriale une très bonne équipe, un collectif bien costaud, très bon bloc. Elle joue comme une équipe sud-américaine, défend ensemble et attaque ensemble".

La plupart des Équato-Guinéens ont été formés en Espagne. Iban Salvador est lui-même né dans ce pays à L'Hospitalet de Llobregat, où il a fait ses débuts dans le football. Il a ensuite pas mal bourlingué dans les clubs espagnols, entre Valence, Valladolid, Murcie, Leon, la réserve du Celta Vigo et Fuenlabrada, où il est en contrat jusqu'en 2023. "[En Afrique], le football est assez différent du foot européen. Il y a plus de contact, le jeu est plus dur. Moi j'y suis habitué, en deuxième division", explique le joueur. 

Un joueur qui va au contact

Endurci en Liga B, "El Picaro" a été l'objet de critiques, en février 2021, visant sa tendance à exagérer et à simuler des chutes au contact de ses adversaires. Mais une donnée irréfutable vient nuancer cette aptitude à plonger : en février 2021, le milieu de terrain était le joueur qui avait subi le plus de fautes, D1 et D2 espagnoles confondues, avec 84 fautes reçues en 24 matches, soit une faute toutes les 16 minutes.

Il avait également provoqué 22 cartons. Des chiffres supérieurs à ceux de Nabil Fekir ou de Lionel Messi, quand ce dernier évoluait encore en Liga. "Ce que subit Iban, c'est vertigineux…", avait réagi son ancien entraîneur, José Ramon Sandoval, début 2021. "Il subit de nombreuses fautes, c'est une persécution totale. On commence à s'inquiéter. Beaucoup de ces fautes ont lieu quand il n'a même pas le ballon et à contre-temps".

L'entraîneur du club de la banlieue de Madrid décrivait "un gros caractère de compétiteur", et "toutes les fautes qu'il subit nous offrent souvent des occasions de but".

Selon le quotidien sportif madrilène As (dans un article de janvier 2021), Iban Salvador "est l'un des joueurs avec le plus de qualités techniques et de 'toque' de l'effectif de Fuenlabrada. Il sait dribbler. Sa dernière passe est toujours bonne. Et surtout, il fait preuve d'une grande intelligence pour savoir quand accélérer ou arrêter le jeu".

Après un début de CAN aussi tonitruant, le joueur devrait recevoir de nombreux appels et pourrait faire ses adieux à la deuxième division espagnol.

Avec AFP