
Un nouveau groupe s’en prend aux islamistes radicaux en Grande-Bretagne : la ligue de défense anglaise ou EDL. D’émeutes en déclarations fracassantes, les deux camps se mesurent. Enquête sur ces extrémistes qui sèment le chaos.
Ce sont des hommes masqués, aux méthodes musclées, qui manifestent, provoquent des émeutes en pleine cœur des grandes villes anglaises et font la une de la presse. Un nouveau groupe dénommé L’EDL, la ligue de défense anglaise.
Ils se présentent comme de simples citoyens exaspérés par les musulmans intégristes.
Leur fief de Luton est une ville en pleine crise à une trentaine de kilomètres au nord de Londres. Cet ancien bassin industriel qui produisait des voitures connait aujourd’hui un chômage de masse.
L’EDL cultive le secret, pas d’adresse mais un point de rendez-vous. De là, on nous emmène dans un entrepôt abandonné. Interdiction de filmer la façade. Une quinzaine de membres nous attendent autour du chef qui se fait appeler Tommy Robinson.
Tous portent des masques noirs qu’ils appellent "burkas". Une mise en scène qui n’est pas sans rappeler les pires heures du Ku-Klux-Klan. Tommy affirme que ses déguisements sont censés assurer l’anonymat et la sécurité des membres.
Le leader du mouvement nous raconte comment tout a commencé en mars 2009 à Luton. C’était lors d‘une cérémonie de retour de militaires combattants en Afghanistan. Un groupe de militants islamistes s’était placé le long du cortège pour les insulter. Tommy et quelques amis ont décidé de réagir. Ils ont édité 10.000 tracts pour les distribuer dans les pubs de la ville et ont ouvert leur site internet.
Très rapidement, ça a été des milliers de connexions, des manifestations qui ont tourné à l’émeute et la une des medias.
Le message de la ligue de défense anglaise trouve un écho dans la population qui reproche aux Islamistes de profiter de la liberté d’expression quasi absolue permise par la loi britannique.
"La Charia va conquérir le monde"
Le groupe Islamiste le plus actif s’appelle Islam 4 UK. Des intégristes qui demandent l’application de la charia en Grande-Bretagne. Leur chef s’appelle Anjem Choudary. Il est juge autoproclamé auprès des quelques 85 tribunaux Islamiques que compte la Grande Bretagne. Il est aussi professeur de droit Islamique au sein de sa London School of Charia. Un établissement où de jeunes hommes barbus et des jeunes filles voilées rabâchent une interprétation extrémiste du Coran jusqu’à l’abrutissement.
Dans son costume d’Imam, le chef d’Islam 4 UK s’exprime dans un anglais châtié. C’est un avocat de formation qui connaît parfaitement la ligne rouge à ne pas franchir en droit britannique mais n’hésite pas à justifier l’action d’Al-Qaeda, à réclamer que la charia soit imposée en Grande Bretagne, en France et dans le monde entier.
Face à la surenchère des deux groupes extrémistes, les pouvoirs publics semblent impuissants. Ils se contentent de surveiller sans intervenir, aucun des deux groupes n’enfreint la loi.
Cette situation est unique en Europe et pose de graves problèmes. L’extrême droite politique est en plein essor et les musulmans modérés commencent à se sentir sous pression.