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Manifestation contre l'islamophobie devant la mosquée incendiée

Au lendemain de l'incendie de la mosquée de Saint-Priest, dans la banlieue de Lyon, un millier de personnes s'est réuni pour dénoncer la montée de "l'islamophobie". Le président Nicolas Sarkozy condamne un "acte honteux à caractère raciste".

AFP - Un millier de personnes se sont réunies dimanche devant la mosquée de Saint-Priest, dans la banlieue de Lyon, pour dénoncer la montée de "l'islamophobie" en France au lendemain d'une tentative d'incendie du lieu de culte qui a suscité un vif émoi au niveau national.

A Paris, le président de la République Nicolas Sarkozy a condamné cet tentative d'incendie "avec la plus grande fermeté", la qualifiant d"acte honteux à caractère raciste".

Le chef de l'Etat a souhaité que "les auteurs de ce geste inqualifiable soient rapidement interpellés et puissent être sévèrement sanctionnés par la justice", dans une lettre adressée au président du Conseil français du culte musulman (CFCM).

De son côté, la secrétaire d'Etat à la politique de la Ville, Fadela Amara, a fait part, sur France Inter, de sa "réaction extrêmement révoltée" et s'est déclarée "inquiète car on voit de temps en temps (...) des actes criminels. Je pense qu'il faut être très vigilant. Notre république n'a pas besoin de cela".

Elle s'est cependant dite "extrêmement contente et soulagée de voir que partout il y a eu des condamnations, de la classe politique mais aussi des associations".

De fait, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), représenté devant la mosquée de Saint-Priest par Marcel Amsalem, président du CRIF-Rhône-Alpes, a exprimé "son indignation" dans un communiqué et dénoncé "cette résurgence inacceptable d'actes islamophobes", avant d'assurer "la communauté musulmane de sa solidarité".

La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) a également condamné "avec la plus grande fermeté le lâche acte antimusulman".

Sur place, entre un millier de personnes, selon la police, plus de 2.000 selon les organisateurs, ont bravé le froid sec pour exprimer leur "colère et leur incompréhension" face à la "recrudescence et à la montée significative de l'islamophobie en France".

Beaucoup d'hommes, quelques enfants et leurs mères, ont écouté en silence et dans la dignité les discours des personnalités religieuses et politiques présentes, réunies devant la porte de la mosquée, brûlée et barrée par des planches.

Rouad, 30 ans, venue du 8e arrondissement de Lyon pour apporter son "soutien" à ses frères musulmans de Saint-Priest, s'est dit "très peinée et meurtrie". "On a du mal à comprendre ce type de geste: comment peut-on s'attaquer à un lieu de paix?", s'est-elle interrogée.

"On se serait attaqué à une synagogue ou à une église, j'aurais pensé de la même façon", a-t-elle ajouté.

"Voir que l'on s'attaque à des lieux de culte et à des sépultures (ndlr: allusion à la profanation début décembre de 500 tombes du carré musulman du cimetière Notre-Dame-de-Lorette, près d'Arras) m'inquiète", a affirmé le recteur de la Grande Mosquée de Lyon, Kamel Kabtane.

Devant la recrudescence "incontestable" des actes islamophobes, le président du Conseil régional du culte musulman (CRCM), Azzedine Gaci, a appelé à la tenue d'une "manifestation nationale contre le racisme, l'antisémitisme et l'islamophobie".

Un autre responsable, Abdelaziz Chaambi, du collectif des Musulmans de France, a souhaité pour sa part un "projet de loi contre l'islamophobie, à l'image des lois contre l'antisémitisme et le révisionnisme".

"Les communiqués de soutien, c'est très bien, mais on attend des choses plus concrètes", a-t-il ajouté, très applaudi.