
La justice française doit se prononcer, ce jeudi, sur l'explosion de l'usine AZF qui avait fait 31 morts dans le sud-ouest de la France, en septembre 2001. Les responsables du site sont poursuivis pour homicides et blessures involontaires.
AFP - Le tribunal correctionnel de Toulouse rend son jugement jeudi après-midi sur l'explosion en septembre 2001 de l'usine AZF, dûe selon l'accusation à un accident chimique favorisé par des négligences des responsables de cette usine de Grande Paroisse, filiale du groupe Total.
La catastrophe industrielle, la plus importante depuis la deuxième guerre mondiale en France, a fait 31 morts et des milliers de blessés.
Les experts judiciaires ont attribué la catastrophe au déversement accidentel sur le nitrate d'ammonium du hangar 221 de quelques kilos d'un produit chloré (DCCNa) incompatible.
Le directeur de l'usine, Serge Biechlin, et son propriétaire, Grande Paroisse (groupe Total), sont poursuivis pour homicides et blessures involontaires notamment. Certaines des 3.184 parties civiles ont demandé que la maison-mère Total et son ancien PDG Thierry Desmarest soient eux aussi jugés.
Le ministère public a requis trois ans de prison avec sursis et 45.000 euros d'amende contre M. Biechlin, 225.000 contre Grande Paroisse. Il a invoqué "un dysfonctionnement grave dans la gestion des déchets, le recours à la sous-traitance (...) et le croisement de produits incompatibles".
Le tribunal se prononcera aussi sur la responsabilité pénale de la maison mère, Total, et de son ex-PDG, Thierry Desmarest, qui ne sont pas poursuivis par le parquet mais par plusieurs des 3.000 parties civiles.
Après des années de batailles d'experts, il a fallu plus de quatre mois d'un procès fleuve (23 février-30 juin), puis près de cinq mois de travail à cinq magistrats pour aboutir au jugement.
Le président Thomas le Monnyer devrait consacrer près de 45 minutes à exposer les principaux motifs du jugement, en commençant sans doute par dire s'il y a lieu ou non de juger Total et M. Desmarest avec Grande Paroisse et M. Biechlin.
Le jugement intégral de ce procès hors normes, dont les 400 heures ont été filmées pour la postérité, devrait comporter plusieurs centaines de pages, car le tribunal correctionnel est tenu de motiver ses décisions, à la différence d'un jury d'assises.
La défense a multiplié les appels à la relaxe, niant toute "faute caractérisée" dans l'organisation de l'usine et assurant qu'on n'avait "trouvé aucune explication crédible" à la catastrophe.
Au contraire, pour de nombreuses parties civiles, le collège des experts judiciaires a établi qu'il y a eu un "accident chimique" et qu'il a "causé l'explosion", ce qui devrait entraîner selon elles "la condamnation au moins de Grande Paroisse".