logo

Les Vingt-Sept désignent leur président

Les chefs d'État et de gouvernement des 27 pays membres de l'Union européenne vont devoir surmonter leurs divergences, ce jeudi, à Bruxelles, pour désigner le premier président du Conseil européen.

Le sommet extraordinaire de l’Union européenne de jeudi s’annonce long et tortueux. Après plusieurs semaines de discussions et de tractations secrètes, aucun favori ne se détache clairement dans la course à l’élection du premier président du Conseil européen.

Les 27 chefs d’État et de gouvernement de l’UE doivent pourtant tomber d’accord

jeudi pour doter l’Union d’un président, mais aussi d’un ministre des Affaires étrangères, deux fonctions créées par le Traité de Lisbonne, qui entrera en vigueur le 1er décembre.

Les tractations de couloirs ne portent pas uniquement sur le "ticket" exécutif, mais aussi sur les futures nominations aux présidences de la Banque centrale européenne (BCE) et de l'Eurogroupe, ce qui complique encore le marchandage.

"Ce n’est pas un spectacle très ragoutant, mais c’est la démocratie", explique à FRANCE 24 Baudouin Bollaert, spécialiste des questions européennes et chargé d'enseignement à Sciences Po. "Ce serait plus transparent si le Parlement votait pour le président du conseil de l’UE ou s’il était élu au suffrage universel, mais les États ne sont pas encore prêts à ça", regrette-t-il.

"Tout est possible, y compris inverser les règles"

La tâche est d’autant plus ardue pour les dirigeants des 27 qu’il s'agit, à travers ces deux nominations, de trouver un équilibre entre petits et grands pays et entre partisans et adversaires d'une Europe fédérale.

En principe, la droite européenne, majoritaire au Parlement, se réserve la présidence de l'UE, tandis que le portefeuille de Haut représentant aux affaires étrangères devrait échoir à la gauche.

"Mais tout est possible, y compris inverser les règles", confiait lundi dernier le ministre italien de Affaires étrangères, Franco Frattini, en marge d'une réunion des chefs de la diplomatie européens à Bruxelles. On annonce en effet, de source diplomatique, que le gouvernement espagnol fait le forcing pour qu’un socialiste décroche le poste de président.

Une vingtaine de candidats, déclarés ou non, briguent les deux postes. L’ancien Premier ministre britannique Tony Blair a longtemps fait figure de favori pour la présidence du Conseil européen, mais plusieurs pays se sont opposés à l’idée de donner la présidence de l’UE à un pays ne faisant pas partie de la zone euro.

Depuis, c’est le nom du Premier ministre belge Herman Van Rompuy qui revient le plus souvent. La perspective d’un président de l’UE moins charismatique que Tony Blair ne serait en effet pas pour déplaire à Paris et Berlin selon Baudoin Bollaert. "Ce n’est pas parce que l’UE aura un président que Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont l’intention de renoncer à faire entre leur voix", explique-t-il.

Les femmes se font entendre

Profitant de la confusion dans les tractations, trois femmes occupant des postes-clés de l'UE ont décidé de faire entendre leur voix. "Il est temps de transformer les paroles en actes en nommant des femmes à des fonctions dirigeantes de l'UE", ont écrit lundi dans le Financial Times la commissaire européenne à la Concurrence, Neelie Kroes, la vice-présidente de la Commission, Margot Wallström, et la vice-présidente du Parlement européen, Diana Wallis.

Par ailleurs, des députées des groupes vert, socialiste et conservateur du parlement européen préparent un appel intitulé "plus de femmes aux postes de premier plan de l'UE".

Pour l’instant une seule femme s’est officiellement portée candidate au poste de présidente de l’UE, il s’agit de l'ex-présidente lettone, Vaira Vike-Freiberga.

"Elle a toutes ses chances", estime Baudoin Bollaert. "D’une part c’est une femme, d’autre part elle parle couramment plusieurs langues, ce qui est aussi un avantage non négligeable", analyse-t-il. Cependant elle va devoir convaincre les 27 qu’à bientôt 72 ans, elle peut toujours incarner l’avenir de l’Europe.

S’ils ne parviennent pas à un consensus, les chefs d'État et de gouvernement européens pourraient désigner le président et le ministre des Affaires étrangères de l’UE à la majorité qualifiée. Un système complexe dans lequel chaque pays dispose d'un certain nombre de voix en fonction de sa taille et de sa population.