Pour sa première visite bilatérale hors d'Afrique, le nouveau président gabonais a choisi la France, où il est attendu ce jeudi. Une manière de montrer que, après une période de tension, les liens entre Paris et Libreville restent étroits...
AFP - Le président gabonais Ali Bongo doit arriver jeudi en fin de journée en France où il a choisi d'effectuer sa première visite bilatérale hors du continent africain, montrant ainsi que les liens un temps distendus entre Paris et Libreville restent étroits.
Le fils aîné du président Omar Bongo, décédé en juin après 41 ans au pouvoir, doit effectuer une "visite de travail" au cours de laquelle il sera reçu par le chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy vendredi pour un déjeuner à l'Elysée.
Ce déjeuner sera l'occasion pour les deux dirigeants d'évoquer "l'avenir des relations bilatérales mais aussi les grands enjeux internationaux dans la perspective du sommet de Copenhague (sur le climat) et de la prochaine entrée du Gabon au Conseil de sécurité des Nations Unies", a fait savoir la présidence française.
L'arrivée en France du président gabonais, annoncée pour mercredi dans un premier temps, est prévue jeudi dans la soirée, indiquait-on mercredi à Paris.
Investi président mi-octobre à l'issue d'un scrutin contesté, Ali Bongo, qui s'est déjà rendu en visite officielle dans tous les pays d'Afrique centrale, arrivera de Londres.
A l'invitation du Prince Charles, il a participé mercredi à un groupe de travail sur la préservation des forêts tropicales, selon la présidence gabonaise, après avoir assisté en début de semaine au sommet de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) à Rome.
Sa visite en France s'inscrit dans un retour à la normale de la relation étroite qu'entretiennent Paris et Libreville et qui a souffert depuis 2008 de quelques tensions.
Omar Bongo, pilier de la "Françafrique", du nom donné aux relations opaques mêlant affaires et politique de la France avec ses ex-colonies africaines, s'est éteint le 8 juin en Espagne, brouillé avec la France dont il avait été très proche tout au long de sa vie.
Le vieux président n'avait pas apprécié la plainte déposée à Paris contre lui et d'autres chefs d'Etat africains par des ONG les accusant d'avoir acquis des biens immobiliers avec de l'argent public détourné.
Hasard du calendrier? Fin octobre, moins de 3 semaines avant cette visite d'Ali Bongo en France, la justice française a finalement refusé en appel d'ouvrir une enquête sur cette affaire.
Si le climat entre Paris et la famille Bongo s'est apaisé, l'image de l'ancienne puissance coloniale reste toutefois mauvaise au sein de l'opinion gabonaise depuis l'élection présidentielle du 30 août.
Tout au long du processus électoral, les adversaires d'Ali Bongo ont accusé la France - qui garde au Gabon une base militaire permanente, 10.000 ressortissants et 120 entreprises dont le géant pétrolier Total - de l'avoir favorisé et d'avoir influé sur l'élection.
A plusieurs reprises, M. Sarkozy et des ministres ont dû démentir ces allégations.
Peu de Gabonais les ont cependant crus, préférant donner crédit à l'avocat français Robert Bourgi, homme de l'ombre de la "Françafrique", qui avait affirmé, quelques semaines avant l'élection, qu'Ali Bongo était "le meilleur défenseur des intérêts français dans tous les domaines".
A l'annonce des résultats du scrutin donnant Bongo vainqueur, début septembre, le consulat français de la capitale pétrolière Port-Gentil (ouest) a été incendié alors que des troubles ont fait trois morts selon les autorités, au moins cinq d'après l'opposition.
Depuis, l'opposition gabonaise, qui estime le pouvoir d'Ali Bongo "illégitime" et parle de "dictature émergente" en allusion au "Gabon émergent" promis par M. Bongo pendant la campagne électorale, continue d'accuser la France de jouer un rôle partial dans la politique gabonaise.