
Le secrétaire général adjoint de l'ONU Martin Griffiths s'est dit, dimanche "horrifié", après la "disparition" de deux membres de l'ONG britannique Save the Children et la découverte de plus de 30 cadavres calcinés dans des véhicules, samedi, dans l'est de la Birmanie.
Au lendemain de l'annonce par l'ONG Save the Children de la "disparition" de deux de ses membres après la découverte de plus de 30 corps calcinés dans des véhicules pris dans une attaque imputée à la junte militaire, le secrétaire général adjoint de l'ONU, Martin Griffiths, s'est dit "horrifié" dimanche 26 décembre.
Qualifiant de "crédibles" ces informations, il a condamné des "faits graves", et "appelé les autorités à lancer immédiatement une enquête sérieuse et transparente".
Samedi, des photos avaient été diffusées sur les médias sociaux, montrant deux camions et une voiture incendiés avec des corps à l'intérieur, sur une route du canton de Hpruso, dans l'État de Kayah, situé dans l'est du pays.
Un responsable de la rébellion opposée à la junte au pouvoir, les Forces de défense du peuple (PDF), avait indiqué à l'AFP avoir trouvé au moins 27 cadavres.
Selon l'observatoire Myanmar Witness, "35 personnes, dont des enfants et des femmes, ont été brûlées et tuées par les militaires le 24 décembre dans le canton de Hpruso".
Un porte-parole de la junte, Zaw Min Tun, a admis pour sa part que des affrontements avaient éclaté dans cette zone vendredi, et que les soldats avaient tué un certain nombre de personnes, sans donner plus de détails.
Deux employés "pris dans l'incident"
Save The Children avait ensuite annoncé que deux membres de son personnel avaient été "pris dans l'incident" et étaient portés disparus.
"Nous avons la confirmation que leur véhicule privé a été attaqué et incendié", a déclaré l'ONG britannique de défense des droits de l'enfant dans un communiqué.
Les deux employés rentraient chez eux après une mission humanitaire dans la région, selon Save the Children, précisant avoir suspendu ses œuvres dans plusieurs régions.
"Nous sommes horrifiés par la violence visant des civils innocents et notre personnel qui se dédie à des tâches humanitaires, en aidant des millions d'enfants dans le besoin en Birmanie", a commenté la dirigeante de cette ONG britannique centenaire, Inger Ashing.
L'ONG ciblée par une attaque en octobre
En octobre, l'ONG avait déploré la destruction de ses bureaux dans la ville de Thantlang, dans l'ouest, dans un bombardement de la junte qui avait aussi rasé des dizaines de maisons après des combats avec un groupe local rebelle à la junte.
"Je demande aux forces birmanes et à tous les groupes armés en Birmanie de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils", a par ailleurs déclaré Martin Griffiths.
La Birmanie a sombré dans le chaos depuis le putsch du 1er février qui a mis fin à une transition démocratique de dix ans. En dix mois, plus de 1 300 civils ont été tués, selon une ONG locale, l'Association d'assistance aux prisonniers politiques (AAPP), qui rapporte des cas de tortures et d'exécutions extra-judiciaires.
En réaction, les milices citoyennes PDF ont vu le jour dans le pays et infligent régulièrement des revers à la puissante armée birmane. Dix mois après le coup d'État militaire contre son gouvernement, l'ex-dirigeante Aung San Suu Kyi, la lauréate du prix Nobel de la paix 1991, vit assignée à résidence.
Avec AFP