Après s'être rendu en Tchétchénie pour une visite sans précédent, le président de l'Autorité palestinienne a rejoint Moscou afin de s'entretenir avec le chef de l'État russe du rôle du Kremlin dans le processus de paix israélo-palestinien.
AFP - Le président palestinien Mahmoud Abbas est arrivé dimanche soir à Moscou pour une visite axée sur le rôle russe dans le processus de paix au Proche-Orient, alors que la Russie ambitionne d'organiser en 2009 une conférence sur ce conflit.
Le président de l'Autorité palestinienne, arrivé à 16H30 GMT dans la capitale russe après une visite surprise en Tchétchénie, doit s'entretenir lundi avec le président Dmitri Medvedev et le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov.
"Nous avons choisi le chemin d'un règlement politique du conflit (avec Israël) et nous demandons au Tout Puissant de nous aider", a déclaré M. Abbas à Grozny, la capitale tchétchène.
La visite à Moscou "portera surtout sur le processus de paix et le rôle qu'y joue la Russie en tant que membre du Conseil de sécurité de l'ONU et du Quartette", a souligné l'ambassadeur palestinien en Russie, Afif Safieh.
Le Quartette sur le Proche-Orient, qui comprend également l'Union européenne, l'ONU et les Etats-Unis, est l'auteur de la Feuille de route, un plan de paix dans l'impasse presque depuis son lancement en 2003 et qui prévoit la création d'un Etat palestinien.
Dans ce contexte, MM. Abbas et Medvedev vont discuter de la proposition de Moscou d'accueillir en 2009 en Russie une conférence sur le Proche-Orient.
"Je pense qu'à cause des élections en Israël (le 10 février) cette conférence, qui vise à redonner de la crédibilité au processus de paix et à le réactiver, n'aura pas lieu avant mai ou juin", a cependant noté M. Safieh.
La Russie pourrait aussi tenter de raviver le dialogue inter-palestinien, Moscou étant le seul membre du Quartette à entretenir des relations avec le Hamas, le mouvement islamiste qui a délogé M. Abbas du pouvoir dans la bande de Gaza en juin 2007, entraînant des violences entre les deux camps.
"Nous prêterons (lors de la visite de M. Abbas) une attention particulière à la situation au Proche-Orient pour assurer la continuité du processus de négociation, éviter la confrontation israélo-palestinienne et interpalestinienne", a indiqué le Kremlin dans un communiqué.
Moscou a d'ailleurs haussé le ton contre le Hamas, critiquant son boycott du dialogue de réconciliation interpalestinien, prévu en novembre, et sa décision de ne pas reconduire au-delà du 19 décembre sa trêve avec Israël.
En ce qui concerne l'Etat hébreux, l'ambassadeur palestinien à Moscou a souligné que la Russie avait un rôle à jouer pour favoriser le dialogue entre Palestiniens et Israéliens d'origine russe. Ceux-ci représentent un sixième de la population d'Israël et votent traditionnellement pour des mouvements peu enclins au compromis avec les Palestiniens.
Le dirigeant palestinien discutera également à Moscou de la livraison de 50 transports de troupes légers offerts par la Russie mais qu'Israël bloque depuis plus de deux ans, selon M. Safieh.
L'ambassadeur palestinien s'est par ailleurs félicité de la coopération avec Moscou dans le domaine sécuritaire, soulignant que des centaines de cadres des services de sécurité palestiniens ont été formés en 2008 en Russie.
Avant la Russie, M. Abbas était à Washington pour faire ses adieux au président américain sortant George W. Bush et plaider pour une poursuite du processus de paix après son départ de la Maison Blanche.
M. Bush avait tenté en novembre 2007 de relancer des négociations israélo-palestiniennes après des années d'impasse.
Mais l'objectif d'un accord en 2008 est resté sans suite, les pourparlers ayant été notamment minés par la poursuite de la colonisation juive, les violences à Gaza et les divisions palestiniennes.
Et les Palestiniens craignent désormais aussi un nouveau bouleversement en Israël, avec le possible retour au pouvoir en février du "faucon" Benjamin Netanyahu, opposé à la souveraineté palestinienne.