Les dirigeants européens, réunis en sommet à Bruxelles, ont promis jeudi à Moscou de "lourdes conséquences" en cas d'agression militaire de l'Ukraine. Les Vingt-Sept ont, en parallèle, cherché à encourager les échanges diplomatiques avec la Russie.
Les chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne sont convenus, jeudi 16 décembre, d'imposer, en coordination avec les États-Unis et la Grande-Bretagne, des sanctions supplémentaires contre la Russie si celle-ci venait à envahir l'Ukraine.
Réunis en sommet à Bruxelles, les dirigeants des Vingt-Sept ont déclaré dans leur communiqué final que "toute agression militaire supplémentaire contre l'Ukraine aura en réponse de lourdes conséquences et un coût important, dont des mesures restrictives coordonnées avec des partenaires", en référence aux États-Unis et à la Grande-Bretagne. Cet avertissement est l'un des plus directs effectués récemment.
Dans leur communiqué commun, les dirigeants de l'UE déclarent toutefois que le bloc "encourage les efforts diplomatiques et soutien le 'format Normandie' pour parvenir à la mise en œuvre complète des accords de Minsk" conclus en 2014 et 2015 pour régler le conflit dans le Donbass, dans l'est de l'Ukraine.
Les tensions entre la Russie et les pays occidentaux sont vives depuis plusieurs semaines en raison de regroupements de troupes russes jugés suspects par Kiev et les Occidentaux près de la frontière avec l'Ukraine.
"Approche multiple"
"Notre stratégie repose sur une approche multiple : dissuasion, reprise du dialogue et soutien à l'Ukraine", a expliqué le président français Emmanuel Macron au cours d'une conférence de presse avec le chancelier allemand Olaf Scholz. Les dirigeants européens ont reconduit jeudi pour six mois les sanctions économiques imposées à la Russie après l'annexion de la Crimée en 2014, a annoncé le chef de l'État français.
Sur les nouvelles sanctions envisagées, aucun détail n'a été communiqué. "Laisser l'adversaire dans l'incertitude est le meilleur moyen d'utiliser l'arme des sanctions", a expliqué un diplomate européen. Des diplomates ont indiqué au préalable que Bruxelles pourrait notamment cibler des oligarques et interdire toute transaction européenne avec les banques privées russes.
Le gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne, récemment achevé mais pas encore entré en service, "est une pièce du grand puzzle", a assuré le chef du gouvernement polonais, Mateusz Morawiecki. Mais Olaf Scholz a éludé les questions sur le gazoduc. "C'est un projet privé", a-t-il déclaré. L'utilisation de cette infrastructure comme levier divise au sein de sa coalition, a expliqué une source diplomatique.
"Toute nouvelle agression contre l’Ukraine aurait de lourdes conséquences et le prix à payer serait élevé", a renchéri l'Otan dans une déclaration publiée simultanément à la prise de position des dirigeants de l'UE. "Nous ne ferons aucun compromis sur le droit de l'Ukraine à choisir sa propre voie, sur le droit de l'Otan à protéger et à défendre tous ses membres, et sur le fait que l'Otan a un partenariat avec l'Ukraine", avait affirmé le secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg, après une rencontre au siège de l'Alliance avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.
Déception de Kiev
La Russie exige que l'Otan renonce "formellement" à sa décision de 2008 d'ouvrir la porte à l'adhésion de l'Ukraine et de la Géorgie, une ligne rouge pour le Kremlin. Moscou a remis mercredi à la secrétaire d'État adjointe américaine chargée de l'Europe, Karen Donfried, une liste de "propositions" sur les garanties juridiques réclamées à l'Otan lors de sa visite à Moscou.
Karen Donfield s'est rendue jeudi à Bruxelles pour présenter ces propositions aux ambassadeurs des États membres de l'Alliance, a appris l'AFP de sources diplomatiques à l'Otan. Jens Stoltenberg a officialisé une fin de non-recevoir à Moscou et les dirigeants de l'UE, dont 21 sont membres de l'Otan, ont montré leur détermination à ne pas plier et appelé Moscou a dialoguer avec Kiev.
Partisan de sanctions préventives, le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'a pas caché sa déception devant l'attentisme de l'UE : "Beaucoup de dirigeants européens ne comprennent généralement pas ce qui se passe à nos frontières", a-t-il déploré.
Avec Reuters et AFP