logo

Le géant chinois Evergrande menacé de défaut de paiement, Pékin s'invite aux commandes

Le groupe chinois Evergrande tutoie une fois encore le défaut de paiement. Il disposait d'un mois pour honorer une dette abyssale. Jusqu'ici le promoteur immobilier était toujours parvenu à rembourser ses créanciers à la dernière minute.

Pour la première fois, le promoteur immobilier chinois Evergrande n'est pas parvenu à rembourser ses créanciers, a affirmé mardi 7 décembre l'agence Bloomberg, au moment où l'État chinois s'invite à la tête du groupe ultra-endetté pour éviter une faillite.

Poids lourd privé du secteur en Chine, Evergrande croule sous environ 260 milliards d'euros d'endettement. Le groupe se débat depuis plusieurs mois pour honorer ses paiements d'intérêts et ses livraisons d'appartements. Le 6 novembre, il aurait dû s'acquitter d'un remboursement de 82,5 millions de dollars (73,1 millions d'euros).

Evergrande disposait d'un délai de grâce d'un mois supplémentaire pour se mettre en règle. L'échéance a pris fin mardi à la mi-journée, à l'heure de la Chine. Selon Bloomberg, plusieurs créanciers étrangers n'ont toujours pas été payés. Cela en ferait le premier défaut de paiement d'Evergrande, qui à ce stade n'a fait aucun commentaire.

En septembre déjà, le groupe n'avait pu honorer plusieurs échéances et avait suspendu sa cotation à la Bourse de Hong Kong. Mais Evergrande était parvenu à rembourser ses créanciers avant l'expiration du délai de grâce.

Création d'un "comité de gestion des risques"

Sûr de sa force financière, Evergrande avait investi ces dernières années dans une multitude de secteurs (tourisme, numérique, assurance santé ou encore voiture électrique), ce qui explique en partie sa dette abyssale.

Mais les autorités chinoises, inquiètes du gonflement de la dette dans le secteur immobilier, ont imposé l'an passé des ratios prudentiels aux promoteurs pour réduire leur recours à l'emprunt. Ce durcissement réglementaire a marqué le début des soucis financiers pour Evergrande.

En septembre, la firme avait admis pour la première fois qu'elle ne pourrait peut-être pas honorer tous ses engagements. Et chose rare en Chine, des dizaines de propriétaires lésés, n'ayant pas reçu livraison de leur appartement, avaient manifesté plusieurs jours devant le siège du groupe à Shenzhen.

Lundi soir, le promoteur a annoncé la création d'un "comité de gestion des risques" auquel siégeront cinq responsables d'entreprises publiques, et donc indirectement l'État. Ce groupe aura pour mission de "réduire et éliminer les risques futurs" pour le promoteur, dont une éventuelle faillite serait la plus grosse jamais enregistrée pour une entreprise chinoise.

Une "prise de contrôle" par les pouvoirs publics

Jusqu'à présent, le pouvoir communiste n'a pas indiqué s'il comptait ou non voler au secours du groupe privé. Mais il est prêt à jouer un rôle de premier plan pour endiguer la crise, font remarquer plusieurs analystes contactés par l'AFP.

Vendredi, les autorités de la province du Guangdong, où Evergrande a son siège, avaient annoncé dépêcher un groupe de travail à sa tête "pour superviser la gestion des risques de l'entreprise". Cela s'apparente à "une prise de contrôle potentielle d'Evergrande" par les pouvoirs publics, estiment les analystes de la firme Jefferies.

Avec AFP