
Le convoyeur de fonds Toni Musulin, qui avait dérobé plus de 11 millions d'euros au début de novembre à Lyon, est actuellement interrogé à Lyon, après s'être rendu, à Monaco, lundi. Une reddition qui pose de nombreuses questions...
Beaucoup de zones d’ombres demeurent dans l’affaire Toni Musulin, du nom de ce convoyeur de fonds arrêté lundi à Monaco. Accusé d'avoir détourné 11,6 millions d'euros à Lyon, avant de se rendre à la police monégasque, il a avoué mardi être l'auteur du vol. "Il reconnaît les faits, mais il ne les explique pas", a déclaré à l'AFP Jean-François Varaldi, vice-procureur de la ville de Lyon. Les détails de l'affaire...
- Pourquoi s’est-il rendu ?
Lundi, vers 12h45, un homme pousse la porte de la direction de la sûreté publique du Rocher et déclare : "Je m'appelle Toni Musulin, je suis recherché par les services de police, je veux me rendre", raconte le directeur de la sûreté de Monaco, André Muhlberger. L’homme a une barbe d'une dizaine de jours et a l'air très fatigué. Il est arrivé avec une moto de location, toujours selon la police monégasque.
"Il allait bien. Il m'a semblé soulagé de s'être rendu", rapporte, de son côté, son avocat, Me Christophe Cottet-Bretonnier, qui a vu son client "au début de sa garde à vue".
"Il avait l'air assez bizarre quand il s'est rendu. On ne comprend toujours pas ses motivations. On ne sait même pas s'il a bien compris qu'il se trouvait à Monaco", rapporte enfin une source proche de l'enquête, citée par l’AFP.
Interrogé par le quotidien Le Parisien, un convoyeur de la société Brink's juge "irréaliste" la reddition de Musulin : "Il fait un coup exceptionnel, et après, il se rend à la police. C'est n'importe quoi... On a l'impression que c'est un gars qui a plus de muscles que de cervelle."
- A-t-il planifié sa reddition ?
Une source judiciaire interviewée par l’AFP émet l’hypothèse suivante : il s’agirait d’une reddition "planifiée". "[Toni Musulin] aurait très bien pu rester tranquillement en Italie", ajoute-t-elle, précisant qu’il s’y trouvait ces derniers jours avant de se rendre en Principauté.
Cette même source estime qu’il encourt "trois ans de prison maximum", puisqu’il s’agit d’un "vol simple". Et de poursuivre : Musulin aurait décidé de "payer son dû judiciaire afin de ne pas avoir à vivre traqué", avec l'idée de récupérer l'argent plus tard.
Une idée que confirme un policier de haut rang interrogé par Le Figaro : "Même en gardant l’argent, il n’encourt que trois ans de prison, soit un an et demi avec les remises de peine. À sa sortie, nul ne pourrait l’inquiéter. L’État pourrait lui réclamer des comptes sur son train de vie. Mais s’il s’installe dans un paradis fiscal, il est tranquille pour longtemps…"
- Où sont les 2,5 millions d'euros restants ?
Deux jours après les faits, le 7 novembre, la police lyonnaise retrouve 9,1 millions d’euros dans un box, sous forme de coupures de 5 à 100 euros réparties dans plusieurs dizaines de sacs et de cartons. Ce box se situe dans le 7e arrondissement de Lyon, non loin du lieu où le fourgon vide avait été abandonné, et à proximité de l’endroit où Toni Musulin avait faussé compagnie à ses deux collègues de la société Loomis. L’homme louait le box depuis le mois d’avril.
Selon l’AFP, les enquêteurs ont d’abord pensé faire le pied de grue devant le box pour le piéger, avant de renoncer, le 9 novembre. La police officialise alors sa trouvaille. Le mystère autour des 2,5 millions d'euros reste donc entier.