Le pape François a accepté la démission de sa charge pastorale de Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris, annonce jeudi dans un communiqué la nonciature apostolique en France.
Le pape François a tranché vite : le souverain pontife a accepté, jeudi 2 décembre, la démission de l'archevêque de Paris Michel Aupetit, moins d'une semaine après la demande de l'intéressé, accusé d'avoir entretenu une relation intime avec une femme, ce qu'il dément.
"Le Saint-Père a accepté la démission (..) présentée par Mgr Michel Aupetit", a indiqué le Vatican. Une information communiquée au même moment par la nonciature apostolique (ambassade du Vatican en France) à Paris.
L'archevêque a affirmé avoir "le cœur en paix" après les "événements douloureux de la semaine passée", a-t-il dit dans une déclaration envoyée à la presse.
La semaine dernière, un article de l'hebdomadaire français Le Point affirmait que Michel Aupetit avait eu en 2012, alors qu'il n'était pas encore archevêque, une relation intime et consentie avec une femme. Un courriel envoyé par erreur par le prélat laissait peu de doutes, selon l'hebdomadaire, sur la relation entretenue.
Ce que l'homme d'Église a démenti catégoriquement. En revanche, "il a eu un comportement ambigu avec une personne très présente vis-à-vis de lui", avait admis vendredi le diocèse de Paris auprès de l'AFP, assurant qu'il ne s'agissait "pas d'une relation amoureuse", ni d'une "relation sexuelle".
"Préserver le diocèse de la division"
Dans sa déclaration, l'archevêque explique avoir voulu "remettre sa charge" d'évêque dans les mains du pape afin de "préserver le diocèse de la division que provoquent toujours la suspicion et la perte de confiance".
"J'ai, bien sûr, été fortement troublé par les attaques dont j'ai été l'objet", dit-il également, alors qu'on lui prête une gestion autoritaire du diocèse. "Je suis heureux d'avoir servi ce diocèse avec des équipes magnifiques, clercs, laïcs, consacrés, totalement dévoués au service du Christ, de l'Église et de leurs frères", affirme-t-il encore.
Dans l'immédiat, c'est Georges Pontier, évêque émérite, qui a été nommé par Rome pour administrer l'archidiocèse de Paris, a indiqué le Vatican.
"Cette décision a été prise parce que le pape François estime qu'un évêque ou un cardinal ne peut pas avoir une double vie", a affirmé à l'AFP le vaticaniste Marco Politi, auteur de "François, la peste et la renaissance".
"Même si, jusqu'ici, il n'y a pas eu de nouveaux détails sur les rapports que l'archevêque de Paris entretenait avec cette femme, le pape estime qu'en tout état de cause, l'archevêque de Paris, de par le rôle qu'il exerce en France et dans la capitale française, doit être au-dessus de tout soupçon", a-t-il ajouté.
Des positions strictes sur la famille et la bioéthique
"On s'y attendait un peu... mais pas si vite", a déclaré à l'AFP Bruno Lefevre Pontalis, curé de l'église Saint-François-Xavier à Paris. "Nous les prêtres, on est assez attristés. On accuse le coup. Le départ d'un évêque, dans des conditions difficiles, ça génère du trouble."
Selon lui, la décision du pape s'explique par le fait qu'il "a pensé que ce serait trop difficile pour Mgr Aupetit de reprendre paisiblement et sereinement le gouvernement de son diocèse".
Entré tard dans la prêtrise – il a été ordonné à l'âge de 44 ans après avoir exercé la médecine pendant 11 ans –, Mgr Aupetit était à la tête de l'archevêché de Paris depuis décembre 2017.
Avant cela, il avait exercé différents ministères de vicaire et curé, d'aumônier auprès de la jeunesse, avait été évêque auxiliaire de Paris en 2013, puis avait hérité d'un diocèse de plein droit, celui de Nanterre pendant un peu plus de trois ans.
L'archevêque, qui a eu à gérer l'incendie de Notre-Dame-de-Paris en 2019, est connu pour ses positions strictes sur la famille et la bioéthique ; il a notamment soutenu régulièrement les "marches pour la vie" hostiles à l'interruption volontaire de grossesse.
Il a aussi eu maille à partir avec les homosexuels en 2012 lors des débats sur le "mariage pour tous". Certains, ces derniers mois, lui reprochaient son relatif silence sur la question de la pédocriminalité, après l'onde de choc créée par la publication début octobre du rapport de la commission présidée par Jean-Marc Sauvé qui a montré l'ampleur du phénomène dans l'Église catholique de France depuis les années 1950.
Avec AFP