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Plus de 23 millions d'Algériens élisent, samedi, leurs représentants locaux dans le cadre d'élections municipales et départementales anticipées, troisième scrutin organisé sous la présidence d'Abdelmadjid Tebboune. Un vote crucial pour le chef d'État, qui s'est engagé à réformer toutes les institutions.

Après trois semaines de campagne électorale marquées par la morosité, plus de 23 millions d'Algériens ont été appelés à choisir, samedi 27 novembre, leurs élus communaux et départementaux. Un scrutin important aux yeux du pouvoir pour tourner la page de la fin de règne mouvementée du défunt ex-président Abdelaziz Bouteflika.

Juste après avoir voté, le président Abdelmadjid Tebboune a qualifié ces élections de "dernière étape pour l'édification d'un État moderne". "Nous bâtirons un État économiquement fort au sein de la démocratie et de la liberté du citoyen", a-t-il dit devant la presse.

Le dépouillement des bulletins de vote a débuté à travers l'ensemble du pays, juste après la fermeture des bureaux de vote à 20 h 00 locales. Les premiers résultats officiels devraient tomber à partir de dimanche.

Le taux de participation atteignait 24,27 % pour les communales et 23,30 % pour les départementales, à 16 h 00, a annoncé le président de l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Charfi. Une affluence plus forte qu'aux législatives de juin à la même heure : 14,47 %

 Au total, 115.230 candidats sont en lice dans les 1 541 communes et ils sont 18 910 postulants à se disputer les sièges départementaux dans 58 préfectures. Les femmes ne représentent que 15 % de l'ensemble des candidatures.

Troisième scrutin

"Veux-tu le changement ?", "l'édification institutionnelle", "signe et appose ton empreinte" : c'est le slogan officiel de ce double scrutin.

Un slogan critiqué par le politologue et ancien professeur de sciences politiques, Mohamed Hennad, qui aurait préféré des thématiques basées "sur les valeurs de la citoyenneté".

Pour le politologue, le pouvoir s'entête "à imposer sa volonté en dépit des résultats déshonorants enregistrés lors des précédents scrutins".

Il s'agit de la troisième élection organisée sous la présidence d'Abdelmadjid Tebboune, qui s'est engagé à réformer toutes les institutions héritées des 20 ans de règne de Bouteflika, contraint à la démission en avril 2019 sous la pression des manifestations du mouvement pro-démocratie Hirak et de l'armée.

Le 5 juillet, jour de la fête d'indépendance de l'Algérie, le président Tebboune, élu en décembre 2019 avec 58 % des suffrages et un taux de participation d'à peine 40 %, avait assuré inscrire son action dans le sillage d'un "Hirak béni authentique".

Dans une première étape, le président Tebboune a fait adopter des amendements constitutionnels lors d'un référendum le 1er novembre 2020, approuvé par seulement 23,7 % d'électeurs.

Deuxième étape : les législatives anticipées du 12 juin dernier, également marquées par une abstention historique avec 23 % de taux de participation.

"Participer avec force"

La troisième étape du processus, les élections locales, devrait drainer davantage d'électeurs aux urnes.

"Je souhaite que les citoyens participent avec force à ces élections", a déclaré le président Tebboune, lors d'une interview avec des médias algériens diffusée, vendredi soir, par la télévision officielle. "Si le peuple veut le changement, il est grand temps qu'il l'opère lui-même à l'occasion de cette échéance", a-t-il dit vendredi.

La participation attendue en Kabylie, région qui avait boycotté les précédents scrutins, devrait faire monter la participation.

Le Front des forces socialistes (FFS, plus vieux parti d'opposition), présente des candidats dans cette région qui est l'un de ses principaux fiefs.

Des indépendants, parmi lesquels d'anciens dirigeants du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), participent aussi au scrutin alors que le parti boycotte officiellement les municipales.

Avec AFP