![Charles Pasqua : Chirac et Villepin "étaient informés" des ventes d'armes à l'Angola Charles Pasqua : Chirac et Villepin "étaient informés" des ventes d'armes à l'Angola](/data/posts/2022/07/15/1657864300_Charles-Pasqua-Chirac-et-Villepin-etaient-informes-des-ventes-d-armes-a-l-Angola.jpg)
Condamné pour son implication dans l'Angolagate, l'ex-ministre de l'Intérieur affirme que Jacques Chirac et Dominique de Villepin, respectivement président de la République et secrétaire général de l'Élysée à l'époque des faits, savaient tout.
Charles Pasqua avait promis de faire "trembler un certain nombre de personnages de la République" et "de faire des révélations". Finalement, l'ex-ministre français de l'Intérieur n’a fait que réitérer ses accusations à l’encontre de Dominique de Villepin et surtout de Jacques Chirac, respectivement secrétaire général de l'Élysée et président de la République à l'époque des faits.
Lors d'une conférence de presse organisée à Paris ce jeudi, Charles Pasqua a réaffirmé que, dès 1995, les deux hommes étaient au courant de l'existence d'un trafic d’armes vers l’Angola et qu’ils n'ont rien fait pour y mettre un terme.
"En 1995, Jacques Chirac, Dominique de Villepin et Charles Millon [alors ministre de la Défense, ndlr] étaient informés des ventes d'armes vers l'Angola", a-t-il déclaré devant un parterre de plus de 200 journalistes.
"Il n’y a pas eu d’énormes révélations", constate Roselyne Febvre, spécialiste politique sur FRANCE 24. "Il s'agit plus d'une stratégie de défense" de la part de l'ancien ministre de l’Intérieur, "qui fait son numéro, à la Pasqua", poursuit celle-ci.
Lors du procès de cette affaire de vente illégale d’armes françaises et soviétiques au gouvernement angolais du président José Eduardo dos Santos durant la décennie 1990, Charles Pasqua a été condamné à trois ans de prison, dont un an ferme. Si ce dernier a fait appel de cette sentence, il estime toujours être victime d’une machination. C’est un "lynchage médiatique alimenté par des pseudo-révélations", a-t-il lancé, précisant au passage qu’il avait porté plainte contre le juge Philippe Courroye, l'accusant d'"une instruction uniquement conduite à charge".
Pièces à conviction
"Aucune de ces personnalités [Jacques Chirac, Dominique de Villepin, Charles Millon, ndlr] n'a été entendue par le magistrat instructeur [...], aucune ne s'est opposée à ces opérations alors qu'elles en étaient informées", s’est-il étonné, avant de poursuivre : "Puisque la justice a estimé que ces ventes d'armes sont illégales, pourquoi ces autorités n'ont rien fait pour arrêter ces opérations et ne sont-elles pas poursuivies pour complicité ?" "C’est, en effet, la vraie question, celle qui mérite d’être posée aujourd’hui", commente Roselyne Febvre.
Pour étayer ses propos, Charles Pasqua a égrené ce qu’il estime être des pièces à conviction. Il s’est particulièrement attardé sur une note de la DGSE [Direction générale du renseignement extérieur, ndlr] datant de 1995, relative à ces ventes d'armes.
Déjà cité dans la procédure judiciaire, ce document de quatre pages aurait été, selon lui, adressé à 13 personnes travaillant à l’Élysée, au ministère des Affaires étrangères et au ministère de la Défense, parmi lesquelles figuraient Jacques Chirac, Dominique de Villepin, Alain Juppé et Hervé de Charrette [respectivement, à l'époque, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères]. "On peut noter que le ministère du Budget, occupé à l’époque par Nicolas Sarkozy, n’est pas cité", relève Roselyne Febvre. Sénateur des Hauts-de-Seine, fief de l'actuel chef de l'État, Charles Pasqua est un allié de longue date de Nicolas Sarkozy.
Dominique de Villepin et Alain Juppé ont déjà répondu aux affirmations de Charles Pasqua, assurant ne jamais avoir eu connaissance de pratiques illégales.
De son côté, Charles Pasqua a encore appelé à une levée du secret défense dans toutes les affaires de ventes d’armes depuis 2002, faisant appel au président Nicolas Sarkozy pour qu’il ne s’y "oppose pas" mais, au contraire la "facilite".
Pasqua compte désormais lancer une pétition auprès des parlementaires pour soutenir cette démarche. Il veut également la constitution d'une commission d'enquête parlementaire "qui pourrait être présidée par le président de la Cour des comptes", Philippe Séguin.