Un groupe aurait tenté de prendre le pouvoir lors d'un putsch visant le gouvernement de transition, a annoncé l'armée soudanaise mardi. Cette tentative, dénoncée par Washington, aurait été menée par des partisans du président déchu Omar el-Béchir, selon Khartoum.
Le Soudan a échappé à une tentative de coup d'État "à l'aube", a annoncé, mardi 21 septembre, l'armée dans un communiqué lu à la télévision nationale, précisant que les autorités maîtrisaient la situation. Selon Khartoum, des partisans du président déchu Omar el-Béchir en seraient responsables.
Les auteurs du complot "ont bien préparé" leur projet, a souligné le Premier ministre, Abdallah Hamdok, dans un discours télévisé. Il souligne clairement "l’importance d’introduire des réformes dans l’armée et l’appareil sécuritaire".
"Onze officiers et plusieurs soldats ayant participé au complot manqué" ont été arrêtés, a rapporté l’armée. Et le ministre de l’Information, Hamza Baloul, a assuré que la situation était désormais "sous contrôle".
Mohamed al-Faki Suleiman, porte-parole du Conseil de transition dirigeant le pays, a déclaré à Reuters que les interrogatoires des suspects allaient bientôt débuter. Selon une source gouvernementale ayant requis l'anonymat, les putschistes ont notamment tenté de prendre le contrôle de la radio publique à Omdurman, qui fait face à la capitale Khartoum sur la rive opposée du Nil.
Chef de l’armée et du Conseil souverain, Abdel Fattah al-Burhan s’est, lui, rendu au campement militaire al-Shajara (sud de la capitale), soupçonné d’avoir été le point de départ de la fronde. "Si elle avait abouti, cette tentative aurait eu des conséquences destructrices pour l’armée, les forces régulières et le pays", a-t-il déclaré, s’adressant aux soldats.
Une tentative condamnée
La Troïka (États-Unis, Grande-Bretagne et Norvège), à la manœuvre sur le dossier soudanais, a condamné la tentative de coup d’État tandis que la mission de l’ONU au Soudan a refusé "tout appel à remplacer le pouvoir de transition par un pouvoir militaire".
Les États-Unis ont dénoncé les "actes anti-démocratiques" et mettant en garde contre "toute ingérence extérieure pour semer la désinformation ou saper la volonté des Soudanais". Dans un communiqué, le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, a apporté son soutien à la "transition démocratique" en cours.
Pour sa part, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a encouragé tous les acteurs à "se tenir fermement aux côtés des autorités légales de la transition".
Une transition fragile
La tentative de coup d'État visait le gouvernement de transition soudanais mis en place après l'éviction, en mars 2019, du président Omar el-Béchir, renversé après trente ans de règne sans partage.
Le Soudan connaît depuis une transition fragile caractérisée par des difficultés économiques et de profondes divisions politiques. Ces derniers mois, le gouvernement a entrepris une série de réformes économiques difficiles pour pouvoir bénéficier d'un programme d'allègement de la dette du Fonds monétaire international (FMI).
Ces mesures comprenant la réduction des subventions et l'instauration d'un flottement contrôlé de la monnaie locale ont été jugées trop sévères par de nombreux Soudanais. Des manifestations sporadiques ont récemment eu lieu dans tout le pays pour protester contre les mesures soutenues par le FMI et l'augmentation du coût de la vie.
Avec AFP et Reuters