Le Premier ministre australien a tenté de justifier, dimanche, la rupture du "contrat siècle" avec la France. Selon Scott Morrison, les autorités du pays ont eu de "profondes et graves réserves" concernant les sous-marins fournis par Paris. Par ailleurs, un entretien téléphonique est prévu dans les prochains jours entre Emmanuel Macron et Joe Biden.
C'est une explication qui devrait ajouter encore un peu plus à l'agacement français. Le Premier ministre australien, Scott Morrison, a déclaré, dimanche 19 septembre, que le gouvernement français savait que Canberra avait de "profondes et graves réserves" concernant les sous-marins français, avant que l'accord d'achat ne soit rompu la semaine dernière.
Scott Morrison a déclaré qu'il comprenait la "déception" du gouvernement français, mais a ajouté qu'il avait soulevé les problèmes liés à l'accord "il y a quelques mois", comme d'autres ministres du gouvernement australien.
"Je pense qu'ils auraient eu toutes les raisons de savoir que nous avions de profondes et graves réserves quant au fait que les capacités du sous-marin de classe Attack ne répondaient pas à nos intérêts stratégiques et nous avions clairement indiqué que nous prendrions une décision basée sur notre intérêt stratégique national", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Sydney.
Scott Morrison a déclaré qu'il aurait été "négligent" d'aller de l'avant avec ce contrat malgré les conseils des services australiens de renseignement et de la défense, qui estimaient que cela irait à l'encontre des intérêts stratégiques de l'Australie.
"Je ne regrette pas la décision de faire passer l'intérêt national de l'Australie en premier. Je ne le regretterai jamais", a-t-il déclaré.
Le problème du combustible nucléaire
S'exprimant sur Sky News Australia plus tôt dans la journée de dimanche, le ministre de la Défense, Peter Dutton, a déclaré que son gouvernement avait été "franc, ouvert et honnête" avec la France sur ses préoccupations concernant l'accord, qui a dépassé le budget et pris des années de retard.
Le ministre a déclaré comprendre la "contrariété des Français", mais que "les suggestions selon lesquelles le gouvernement australien n'a pas signalé ses inquiétudes défient, franchement, ce qui est dans le dossier public et certainement ce qui a été dit publiquement pendant une longue période".
La France est furieuse de la décision de l'Australie de se retirer d'un contrat de 90 milliards de dollars australiens (56 milliards d'euros) pour l'achat de sous-marins français en faveur de navires américains à propulsion nucléaire. Elle a rappelé ses ambassadeurs à Canberra et Washington et accusé ses alliés de "mentir" sur leurs projets.
Peter Dutton a déclaré avoir personnellement exprimé ces préoccupations à son homologue française, Florence Parly, et a souligné la "nécessité pour l'Australie d'agir dans son intérêt national", qui, selon lui, consiste à acquérir les sous-marins à propulsion nucléaire.
Selon Peter Dutton, Canberra n'était pas en mesure d'acheter des navires à propulsion nucléaire français, en raison des opérations de maintenance qui doivent avoir lieu tous les dix ans, qui prévoient un rechargement du combustible nucléaire, ce qui n'est pas le cas des sous-marins américains et justifie le choix de ces derniers, l'Australie ne disposant d'aucune centrale nucléaire.
D'après le porte-parole du gouvernement français, le président américain, Joe Biden, a demandé un entretien à son homologue français, Emmanuel Macron. Il y aura de la part du président de la République "une demande de clarification", a développé Gabriel Attal sur BFMTV : "On veut des explications" sur ce qui "s'apparente à une rupture de confiance majeure".
Une rencontre entre ministres de la Défense français et anglais annulée
Dimanche soir, deux sources proches du dossier ont indiqué que la France a annulé une rencontre prévue cette semaine entre la ministre de la Défense, Florence Parly, et son homologue britannique, Ben Wallace.
Florence Parly a pris personnellement la décision de renoncer à sa réunion bilatérale avec Ben Wallace, ont précisé les sources.
Le ministère français de la Défense n'a pas pu être joint dans l'immédiat pour un commentaire. Le ministère britannique de la Défense n'a pas souhaité commenter.
Les sources ont confirmé une information initialement rapportée par The Guardian.
Avec AFP