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Dans l'ombre de Berlin, des murs demeurent…

Alors que les yeux du monde entier sont tournés vers Berlin, qui commémore le 20e anniversaire de la chute du "mur de la honte", d’autres murs subsistent. Tour d'horizon de ces constructions qui narguent l'Histoire.

"Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts." Aujourd’hui, cette formule du plus illustre des scientifiques anglais, Isaac Newton, est toujours d’actualité. Alors que les yeux du monde entier sont tournés vers Berlin, qui commémore le 20e anniversaire de la chute du "mur de la honte", d’autres murs continuent de narguer l’Histoire. Parmi les plus célèbres, la "barrière de sécurité" entre Israéliens et Palestiniens, la "ligne verte" à Chypre, la "valla" de Ceuta, les "peacelines" en Irlande du Nord, la "DMZ" entre les deux Corées et enfin la "Tortilla border" entre les Etats-Unis et le Mexique.

Si le Mur de Berlin a été construit pour empêcher les Allemands de l’Est de passer à l'Ouest, la plupart des murs qui subsistent en ce début du XXIe siècle, "visent à séparer des populations, à empêcher 'l’autre' d’entrer sur son territoire, ou encore à maintenir un statu quo à la suite d’un conflit, analyse pour france24.com Alexandra Novosseloff, docteur en relations internationales auteur de ‘’Des murs entre des hommes’’. C’est surtout depuis le 11 septembre 2001 que les frontières s’emmurent pour tenter de faire face aux nouvelles peurs que sont le terrorisme, l’immigration et la pauvreté.’’

Les constructions les plus récentes interpellent car ‘’elles ont pour la plupart été édifiées par des démocraties, tel que les États-Unis, Israël, l’Espagne et l’Inde’’, souligne Alexandra Novoseloff. Ce qui n’était pas le cas du régime communiste de l’ex-République démocratique allemande (RDA).

Des démocraties bâtisseuses de murs

Aux États-Unis et en Afrique du Nord, dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, des barrières ont été élevées dans le but précis de contrer la pression migratoire. Ces dernières sont même surnommées ‘’les murs de Schengen’’. L’Inde, plus vaste démocratie du monde, et le Botswana ont construit des clôtures pour les mêmes raisons, respectivement à la frontière avec le Bangladesh et le Zimbabwe.

La plus symbolique de ces démarcations reste le ‘’mur de l’apartheid’’, comme l’ont baptisé les Palestiniens, élevé par Israël à la frontière avec la Cisjordanie pour des raisons de sécurité, malgré les contraintes ubuesques qu’il entraîne dans le quotidien des Palestiniens et les protestations internationales. Cette clôture de sécurité, toujours en construction, qui s’étend sur 700 kilomètres de long, restera dans l’Histoire comme le premier mur de séparation du XXIe siècle.

Plus près du continent européen, l’île de Chypre est coupée en deux parties, grecque et turque, par un mur depuis l’invasion de l’armée turque en 1974. ‘’Si le mur, né d’un conflit territorial, existe toujours, il a perdu de sa signification puisque six points de passage ont été ouverts depuis 2003. Mais seuls 50 % des Chypriotes grecs se sont rendus au Nord depuis’’, précise Alexandra Novosseloff.

Paradoxalement, à l’heure de la mondialisation et de l’ouverture des frontières, ‘’nous assistons aujourd’hui au retour des murs. Sans verser dans l’optimisme béat, ils sont voués, comme les empires, à tomber un jour ou l’autre, au regard de l’Histoire’’, conclut Alexandra Novosseloff.