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Covid-19 : il faut "accélérer et amplifier la vaccination", affirme Olivier Véran en Martinique

L'exécutif français assure mettre tous les moyens face au "pic" épidémique de Covid-19 aux Antilles, confrontées à une crise sanitaire "dramatique", tandis qu'il resserre la vis en métropole. Les ministres Sébastien Lecornu et Olivier Véran, en visite au CHU de Fort de France, ont déploré qu'aucun patient en réanimation "ne soit vacciné".

La quatrième vague de Covid-19 continue de progresser en France. Les services de soins critiques, qui traitent les patients les plus gravement touchés, totalisaient, jeudi 12 août, 1 807 malades (1 745 la veille et 1 420 une semaine auparavant). Au total, 9 465 malades du Covid-19 étaient hospitalisées. Premières touchées, les Antilles, qui affichent des taux d'incidence record, frôlant les 2.000 cas pour 100.000 habitants.

Martinique et Guadeloupe sont désormais totalement reconfinées pour tenter de ralentir les arrivées de patients à l'hôpital, où plusieurs dizaines de lits de réanimation supplémentaires sont déjà ouverts, parfois installés jusque dans les blocs opératoires, comme au CHU de Guadeloupe dans les jours à venir.

L'exécutif est entré dans "un scénario d'urgence" pour ces territoires, selon les mots d'Emmanuel Macron, et le gouvernement fait valoir les moyens déployés : matériel et renforts de 270 soignants et 60 pompiers sont arrivés de métropole pour les deux îles. Mais il semble courir derrière une épidémie qui s'est très brusquement emballée, alimentée par le variant Delta, un relâchement des gestes barrière et une faible couverture vaccinale.

"L'heure n'est plus au doute" pour Olivier Véran

Le ministre de la Santé Olivier Véran, en déplacement jeudi en Martinique, a prévenu que les malades du Covid-19 actuellement hospitalisés étaient "jeunes, très jeunes" et déploré qu'aucun patient en réanimation "ne soit vacciné". "La situation sanitaire est sans commune mesure avec ce que nous avons pu voir au cours des vagues précédentes et notamment en métropole", a-t-il affirmé lors d'un point presse avec le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu à l'issue d'une visite du CHU de Fort-de-France. 

Je viens en Martinique pour dire les choses. La vague de covid qui frappe les Antilles est la conséquence d'une vaccination trop faible. Elle fait des milliers de malades, des dizaines de morts par jour et met en tension le système sanitaire. Mes pensées vont vers les familles.

— Olivier Véran (@olivierveran) August 12, 2021

"On ne ressort pas indemne de la visite de cet hôpital", a-t-il reconnu. "Les patients sont jeunes, très jeunes. Aux urgences, ils ont 40-50 ans. En réanimation, ils peuvent avoir 20 ans ou 30 ans", a-t-il souligné. Selon le ministre de la Santé, les patients "ne sont pas forcément atteints de ce que l'on appelle des comorbidités. Ce ne sont pas forcément des grands obèses". "Ce sont des gens qui étaient en bonne santé il y a quelques jours et qui aujourd'hui sont sur le ventre, intubés, dans le coma dans les services de réanimation", a-t-il expliqué, soulignant qu'il "n'y a pas un seul patient vacciné en réanimation".

"Cela atteste de la nécessité de promouvoir la vaccination, de l'accélérer, de l'amplifier", a-t-il assuré, le taux de vaccination étant l'un des plus faibles en Martinique. "L'heure n'est plus au doute !", a-t-il souligné. Avant l'arrivée des ministres, une centaine de manifestants a protesté devant le CHU, notamment contre l'obligation vaccinale des soignants et le manque de moyens chroniques. "On est déjà en train de préparer les renforts des renforts", a également expliqué Sébastien Lecornu, en lançant lui aussi "un appel grave" aux Antillais à se faire vacciner, seule solution "à moyen et long termes".

Avec @olivierveran, au CHU de Fort-de-France.

Ici, comme en Guadeloupe, les soignants sont en première ligne face à cette vague de forte intensité. Avec les renforts envoyés et les évacuations sanitaires, l’Etat est au rendez-vous pour les soutenir et protéger les Martiniquais. pic.twitter.com/lKwFIvcmXN

— Sébastien Lecornu (@SebLecornu) August 12, 2021

Le ministère de la Santé a toutefois observé "un frémissement dans la zone Antilles, en Martinique et en Guadeloupe: il y a eu 18 % d'injections en plus lundi et mardi par rapport à la semaine dernière". "Depuis deux jours, 1 000 personnes se font vacciner quotidiennement, avant c'était 300 à 400", a confirmé à l'AFP Ruddy Valentino, médecin en service de réanimation au CHU de Fort-de-France.

Les confinements vont aussi porter un nouveau coup à l'économie locale, les touristes étant priés de rentrer en métropole. Le constat est également noir en Polynésie française, qui affiche désormais un taux d'incidence de plus de 1 500 et où un couvre-feu est entré en vigueur. Les îles de Tahiti et Moorea vont être confinées, seulement le dimanche pour l'instant. Douze infirmières et infirmiers partiront dimanche en renfort à Papeete.

Un tour de vis en métropole

En métropole, la situation, loin d'être aussi critique, est toutefois suivie de près, avec le déclenchement des Plans blancs, pour renforcer les personnels des hôpitaux, sur le pourtour méditerranéen, en Corse et sur la façade Atlantique.

Elle a conduit l'exécutif à donner encore un tour de vis, en annonçant une extension du passe sanitaire aux centres commerciaux de plus de 20 000 mètres carrés dans les départements où le taux d'incidence dépasse les 200 cas pour 100 000 habitants. La mesure devrait concerner plus d'un tiers des 350 centres de cette taille, selon les calculs de l'AFP.

La fin de la gratuité des tests est aussi prévue pour la mi-octobre, afin d'atteindre l'objectif d'une "vaccination de tous les Français" voulue par le chef de l'État, alors que celle-ci ralentit après avoir été dopée par son allocution télévisée du 12 juillet.

Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal s'est d'ailleurs félicité que dix millions de Français supplémentaires aient reçu au moins une dose de vaccin depuis l'intervention d'Emmanuel Macron le 12 juillet. Avec 67,5 % de primo-vaccinés, la France fait mieux que l'Allemagne et les États-Unis mais moins bien que d'autres pays européens comme l'Espagne. 

Avec AFP