
Les Taliban se sont emparés de Hérat, troisième plus grande ville d'Afghanistan. Ils ont également pris une partie de Kandahar selon des informations France 24, ainsi que Ghazni. Cette dernière est la capitale provinciale la plus proche de Kaboul, à 150 km, conquise par les insurgés depuis qu'ils ont lancé leur offensive en mai. Le gouvernement a reconnu, jeudi, que la ville était tombée, mais assuré que des combats y étaient toujours en cours.
Les Taliban ont pris, jeudi 12 août, Hérat, troisième plus grande ville d'Afghanistan, une étape majeure de leur offensive. Ils "ont tout pris", a déclaré à l'AFP un haut responsable des forces de sécurité sur place, précisant que les forces afghanes avaient battu en retraite "pour empêcher plus de dommages dans la ville" et se retiraient vers une base militaire située à Guzara, un district voisin.
Ils ont hissé leur drapeau au-dessus du siège de la police de Hérat en fin de journée, a rapporté un correspondant de l'AFP, précisant que les rebelles n'avaient rencontré aucune résistance.
Zabihullah Mujahid, un porte-parole des Taliban, a indiqué sur Twitter que "l'ennemi a fui... Des dizaines de véhicules militaires, armes et munitions sont tombés dans les mains" des Taliban. Hérat, située à 150 km de la frontière iranienne et capitale de la province du même nom, était déjà assiégée, avec de violents combats à ses abords.
La chute de Kandahar
Selon des informations de France 24, ils se sont également emparés d'une partie de Kandahar, la deuxième plus grande ville afghane, au sud. La capitale de la province du même nom était assiégée depuis des mois par les Taliban. "Toute la journée, il y a eu des combats dans Kandahar et les Taliban sont dans le centre ville. C'est ce que nous ont raconté des habitants qui sont toujours sur place et que nous avons joints par téléphone", explique Sonia Ghezali, la correspondante de France 24 à Kaboul. "Sur des vidéos postées sur les réseaux sociaux, on voit des Humvees et des tanks de l'armée afghane rouler à toute vitesse en direction de l'aéroport. Les forces de sécurité afghanes ont fuit le centre ville".
Un peu plus tôt dans la journée, c'est la ville stratégique de Ghazni, à 150 km au sud-ouest de Kaboul, qui avait été prise. Les Taliban se rapprochent dangereusement de la capitale de l'Afghanistan après s'être emparé en quelques jours de l'essentiel de la moitié nord du pays.

Le gouvernement a reconnu que Ghazni était tombée, mais assuré que des combats y étaient toujours en cours. "L'ennemi a pris le contrôle de Ghazni (...) Il y a des combats et de la résistance [de la part des forces de sécurité]", a affirmé Mirwais Stanikzai, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, dans un message WhatsApp aux médias.
Mirwais Stanikzai a ensuite annoncé que le gouverneur de la province avait été arrêté par les forces de sécurité, après qu'une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, mais dont l'authenticité n'a pu être immédiatement vérifiée, l'a montré quittant Ghazni avec la bénédiction des Taliban.
Ghazni est la capitale provinciale la plus proche de Kaboul conquise par les insurgés depuis qu'ils ont lancé leur offensive en mai.
L'évacuation du personnel diplomatique américain
Les États-Unis vont envoyer 3 000 soldats à Kaboul pour sécuriser l'évacuation d'une partie du personnel de leur ambassade en Afghanistan, a indiqué le porte-parole du Pentagone, John Kirby. Ils rejoindront les quelque 650 soldats américains encore en Afghanistan, et 3 500 autres militaires seront envoyés au Qatar pour pouvoir être envoyés en renfort en cas de détérioration de la situation à Kaboul.
Parallèlement, Washington va accélérer l'évacuation des interprètes et autres auxiliaires afghans de l'armée américaine, qui pourraient être menacés de représailles en cas de prise du pouvoir par les talibans, avec des vols "quotidiens", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price.
Le Royaume-Uni va aussi déployer temporairement environ 600 militaires en Afghanistan pour aider les ressortissants britanniques à quitter le pays. "J'ai autorisé le déploiement de personnels militaires supplémentaires pour soutenir la présence diplomatique à Kaboul, aider les ressortissants britanniques à quitter le pays et soutenir la relocalisation des anciens membres du personnel afghan qui ont risqué leur vie en sevrant à nos côtés", a déclaré jeudi le ministre britannique de la Défense Ben Wallace, cité dans un communiqué.
Des victoires talibanes dans le nord
Les Taliban ont avancé à un rythme effréné ces derniers jours. En une semaine, ils ont pris le contrôle de 12 des 34 capitales provinciales afghanes, dont sept situées dans le nord du pays. Cette région leur avait pourtant toujours résisté par le passé.
Ils ont aussi encerclé Mazar-i-Sharif, la plus grande ville du nord, où le président afghan, Ashraf Ghani, s'est rendu mercredi pour tenter de remobiliser l'armée et les milices favorables au pouvoir.
Autre prise : mardi soir, les Taliban avaient conquis Pul-e-Khumri, capitale de la province de Baghlan, à 200 km au nord de Kaboul. Ils se rapprochent ainsi donc de la capitale à la fois par le nord et par le sud.
Ghazni, qui était déjà tombée brièvement en 2018, est la plus importante prise des Taliban jusqu'ici avec Kunduz, carrefour stratégique du nord-est, entre Kaboul, à 300 km au sud, et le Tadjikistan.
"On a vu la rapidité avec laquelle les Taliban ce sont emparés de ces douze capitales provinciales. Cela s'est fait vraiment en l'espace de quelques jours. On a vu cette prise rapide et surtout cette désertion dans les districts. C'est ce qui a ouvert la voie aux Taliban", souligne Sonia Ghezali. "Les forces afghanes sont en déroute. On a vu leur débandade. Le porte-parole du Pentagone a dit il y a quelques jours qu'elles avaient les compétences, la capacité, les équipements et l'entraînement pour faire face aux Taliban, mais ce qu'on voit, c'est tout le contraire".

Un signal inquiétant pour Kaboul
Même si les Taliban étaient déjà présents depuis longtemps dans les provinces de Wardak et Logar, à quelques dizaines de kilomètres de Kaboul, la chute de Ghazni est un signal très inquiétant pour la capitale.
Cette ville est aussi un verrou important sur l'axe majeur reliant Kaboul à Kandahar, la deuxième plus grande ville afghane, au sud. Sa prise permet aux insurgés de couper les lignes de ravitaillement terrestres de l'armée vers le sud.
Cela va encore accentuer la pression sur l'armée de l'Air afghane, qui doit bombarder les positions talibanes et acheminer du matériel et des renforts, là où ils ne peuvent pas venir par la route.
Avec AFP