Les Taliban ont pris vendredi le contrôle de leur première capitale provinciale en Afghanistan et continuent de gagner du terrain dans les zones frontalières du pays. Le chef du service de communication du gouvernement afghan a, par ailleurs, été assassiné par les Taliban lors de la prière du vendredi à Kaboul.
La ville de Zaranj, chef-lieu de la province de Nimroz dans le sud-ouest de l'Afghanistan, près de la frontière avec l'Iran, est tombée, vendredi 6 août, aux mains des Taliban, ont déclaré les autorités locales. C'est la première capitale provinciale dont les insurgés s'emparent depuis l'intensification des combats au printemps.
Plus tôt dans la journée, le chef du service de communication du gouvernement afghan a été assassiné lors de la prière du vendredi à Kaboul, a annoncé le ministère de l'Intérieur.
Le meurtre de Dawa Khan Menapal, directeur du Centre gouvernemental des médias et de l'information, est intervenu quelques jours après que les Taliban ont promis qu'ils allaient effectuer de nouvelles attaques contre des responsables du gouvernement afghan. Et ce, tout en continuant de combattre pour le contrôle de plusieurs grandes villes assiégées.
"Malheureusement, les brutaux et sauvages terroristes ont commis un nouvel acte lâche et tué un patriote afghan qui résistait à la propagande ennemie (...), Dawa Khan Menapal, lors de la prière du vendredi" dans la capitale, a déclaré le porte-parole du ministère, Mirwais Stanikzai, dans un message WhatsApp à destination des médias.
Dernier meurtre d'un responsable gouvernemental
Le meurtre de Dawa Khan Menapal est le dernier assassinat ciblé en date visant des responsables du gouvernement du président Ashraf Ghani.
Dans un tweet, le chargé d'affaires américain en Afghanistan, Ross Wilson, a dénoncé "un affront contre les droits de l'homme et la liberté d'expression des Afghans".
Dans le nord du pays, au moins 10 soldats ainsi qu'un commandant proche de la milice dirigée par Abdul Rachid Dostom ont été tués dans la province de Djozdjan. Dans le sud du pays, dans le Helmand, la lutte pour le contrôle de la capitale provinciale Lashkar Gah perdure depuis une semaine.
Les civils pris entre deux feux dans la ville de Lashkar Gah
Vendredi, l'envoyée spéciale des Nations unies en Afghanistan a mis en doute l'engagement des Taliban en faveur d'un règlement politique de la situation dans le pays, déclarant au Conseil de sécurité de l'ONU que le conflit entrait dans "une phase plus destructrice et plus meurtrière".
Plus de 1 000 civils ont été tués le mois dernier lors d'offensives menées par les taliban, a affirmé Deborah Lyons. "Une partie sincèrement engagée dans une négociation ne risquerait pas de faire autant de victimes civiles, car elle comprendrait que plus le sang sera versé, plus le processus de réconciliation sera difficile", a-t-elle déclaré. Et la représentante de l'ONU d'ajouter : "Il s'agit maintenant d'un conflit différent, s'apparentant à la guerre en Syrie, voire à la guerre de Bosnie-Herzégovine".
L'Organisation des Nations Unies a déclaré cette semaine être profondément préoccupée quant à la sécurité de dizaines de milliers de personnes piégées dans la ville de Lashkar Gah.
"Les violences n'ont fait que s'intensifier et il n'y a aucun moyen d'évaluer les dégâts à Lashkar Gah car les deux côtés sont enfermés dans une intense bataille au sol (...). Il est même difficile pour les organisations humanitaires de récupérer les corps", a déclaré de Kaboul un haut responsable occidental de la sécurité.
"Les civils se retrouvent entre deux belligérants. Ils sont déplacés de leurs foyers et sont souvent les premières victimes du conflit", a souligné de son côté Mike Bonke, directeur de l'organisation Action Contre la Faim en Afghanistan, dont le bureau local de Lashkar Gah a été touché par une bombe jeudi.
Avec AFP et Reuters