Les combats entre Taliban et forces afghanes ont repris, dimanche, dans plusieurs villes. À Kandahar, au sud du pays, la piste de l'aéroport a été endommagée par trois tirs de roquette tandis que "des raids aériens ont stoppé" la progression des Taliban à Hérat, à l'Ouest.
Les Taliban font toujours pression, dimanche 1er août, sur les grandes villes de Hérat, à l'ouest de l'Afghanistan, et à Kandahar, au sud.
À Kandahar, la piste de l'aéroport a été endommagée dans la nuit de samedi à dimanche par des roquettes. Tous les vols sont désormais interrompus. L'enceinte aéroportuaire de la ville, qui n'a qu'une seule piste, abrite également une base aérienne militaire, essentielle pour le ravitaillement des forces afghanes qui affrontent depuis plusieurs semaines les Taliban dans les faubourgs de cette ville de 650 000 habitants.
Les Taliban, qui mènent depuis trois mois une offensive tous azimuts à travers l'Afghanistan, se sont rapprochés ces dernières semaines de Kandahar, berceau de leur mouvement, atteignant les limites de la deuxième ville du pays en termes de population. Des milliers d'habitants ont fui ces dernières semaines les affrontements pour se réfugier en ville.
Retrait des troupes internationales
À la faveur de cette offensive lancée parallèlement à l'entame du retrait définitif des troupes internationales du pays – désormais quasiment achevé –, les Taliban se sont emparés de vastes portions rurales du territoire. Les forces afghanes, qui n'ont jusqu'ici opposé qu'une faible résistance à l'avancée des Taliban, ne contrôlent plus pour l'essentiel que les principaux grands axes et les capitales provinciales, dont certaines sont encerclées.
Mais les insurgés menacent désormais sérieusement plusieurs de ces villes : outre Kandahar, ils se sont rapprochés également de Hérat, la troisième la plus peuplée à l'ouest du pays (600 000 habitants), et de Lashkar Gah, capitale de la province du Helmand – et voisine de celle de Kandahar.
La chute de Kandahar, dont les Taliban avaient fait l'épicentre de leur régime quand ils gouvernaient l'Afghanistan (1996-2001), imposant leur version ultrarigoriste de la loi islamique, serait un désastre pour les autorités afghanes et pour le moral de leurs forces, déjà sérieusement entamé. Et elle renforcerait les interrogations déjà grandes sur la capacité de l'armée afghane d'empêcher les Taliban de s'emparer par la force du pouvoir en Afghanistan.
Raids aériens à Hérat
À Hérat, les miliciens anti-Taliban d'Ismail Khan, puissant chef de guerre local, vétéran de la guerre contre l'occupation soviétique (1979-1989), tentent d'arrêter la progression des Taliban, à environ 7 km à l'ouest de la ville, selon un correspondant de l'AFP.
À une dizaine de kilomètres au sud d'Hérat, les insurgés se sont emparés d'un pont, Pul Malan, et affrontent les forces afghanes près d'un autre pont, Pashtun Pol, situé sur la route reliant Hérat à l'aéroport.
Le ministère afghan de la Défense a annoncé l'arrivée de centaines de soldats des forces spéciales dimanche à Hérat "pour accroître les opérations offensives et anéantir les Taliban".
Vendredi, les bureaux à Hérat de la Mission de l'ONU en Afghanistan (Unama) avaient été attaqués notamment à coups de lance-roquette par des "éléments antigouvernementaux", entraînant la mort d'un policier afghan gardant les locaux, avait indiqué la mission onusienne, mettant implicitement en cause les Taliban.
Un officier exécuté
Les Taliban se sont récemment emparés de plusieurs districts de la province d'Hérat, ainsi que de deux postes-frontières qui y sont situés, celui d'Islam Qala, principal point de passage avec l'Iran, et celui de Torghundi avec le Turkménistan.
Abdullah Abdullah, ancien vice-président et chef du Haut Conseil pour la réconciliation nationale, a affirmé samedi dans un tweet que les Taliban avaient exécuté un officier supérieur de l'armée afghane après l'avoir capturé près de Hérat.
Repoussés une première fois samedi de Lashkar Gah par les forces afghanes, les insurgés sont revenus en force dimanche et sont à nouveau parvenus à pénétrer dans la ville de 200 000 habitants, théâtre d'intenses combats.
"Il y a des combats à l'intérieur de la ville et nous avons demandé le déploiement de forces spéciales", a déclaré dimanche à l'AFP Ataullah Afghan, chef du conseil provincial du Helmand.
Avec AFP