Alors que les Taliban mènent actuellement une offensive pour reprendre le contrôle de l'Afghanistan, l'un de leurs représentants a affirmé, vendredi, lors d'une conférence de presse à Moscou, qu'ils contrôlaient désormais 85 % du pays, le tout avec le soutien de la population.
La propagande fait rage. Les Taliban ont affirmé, vendredi 9 juillet, qu'ils contrôlaient 85 % du territoire de l'Afghanistan, dont le plus important poste-frontière avec l'Iran, et qu'ils bénéficiaient du soutien de la population, au moment où ils mènent une offensive contre les forces de Kaboul alors que les Américains achèvent leur retrait du pays.
Lors d'une conférence de presse à Moscou, Shahabuddin Delawar, un représentant des Taliban, a ajouté qu'environ 250 des 398 districts du pays étaient désormais sous le contrôle des insurgés, mais ces affirmations n'ont pas pu être confirmées de source indépendante.
"Toutes les administrations et les hôpitaux continuent de fonctionner sur ce territoire. Nous nous sommes assurés qu'ils seraient en mesure de poursuivre leur travail", a-t-il ajouté, selon des propos traduits du pachtoune en russe.
Il a assuré que le retrait en cours des forces américaines était le résultat du combat des Taliban. "Nous avons mené notre lutte, nous avons fait passer la population de notre côté", a-t-il soutenu, ajoutant que "les États-Unis avaient été forcés de quitter (leur) territoire".
Selon Shahabuddin Delawar, aucun accord avec Washington n'empêche les insurgés de prendre les chefs-lieux des districts restant sous le contrôle de Kaboul. Mais il a soutenu que les Taliban n'allaient pas "prendre par la force" ces villes.
Pression internationale
Le chef du Pentagone Lloyd Austin a appelé vendredi à une pression internationale pour parvenir à un accord entre le gouvernement de Kaboul et les Taliban, au moment où ces derniers étendent leur contrôle.
"La situation sécuritaire en Afghanistan nécessite un renforcement de la pression internationale en faveur d'un accord politique pour mettre fin à ce conflit, et donner au peuple afghan le gouvernement qu'ils veulent et qu'ils méritent", a-t-il tweeté. Sans nommer de pays précisément, Lloyd Austin a indiqué que "le monde entier (pouvait) aider en poursuivant cette pression".
Les États-Unis espèrent que "d'autres nations de la région", "quelles que soient leurs relations bilatérales avec l'Afghanistan" soutiennent "une solution pacifique négociée pour que cela ne finisse pas en guerre civile", a déclaré jeudi le porte-parole du Pentagone, John Kirby.
Les forces afghanes, désormais privées du crucial soutien aérien américain, ont perdu beaucoup de terrain, mais ont assuré vendredi avoir repris le contrôle de la première capitale provinciale conquise cette semaine par les insurgés, Qala-i-Naw, au terme de violents combats.
Retrait américain achevé le 31 août
Quelques heures avant l'annonce de la progression des insurgés, le président américain Joe Biden a déclaré dans un discours que la mission militaire de Washington en Afghanistan serait achevée le 31 août, près de vingt ans après son début.
"Nous mettons fin à la plus longue guerre de l'Amérique", déclenchée après les attentats du 11 septembre 2001, a-t-il souligné, en martelant : "Je n'enverrai pas une autre génération d'Américains combattre en Afghanistan." Le président américain a également affirmé qu'il n'était pas "inévitable" de voir le pays tomber aux mains des Taliban, estimant que les autorités afghanes ont "la capacité" d'assurer la continuité du gouvernement.
Mais les Taliban tiennent désormais un arc de territoires s'étendant de la frontière iranienne, à l'ouest, à celle avec la Chine, dans le nord-est. Ils ont annoncé, vendredi, avoir capturé Islam Qala, le poste-frontière avec l'Iran le plus important d'Afghanistan.
Moscou, qui a appelé les parties en conflit à la "retenue", a indiqué que les insurgés contrôlent également la majeure partie de la frontière afghane avec le Tadjikistan.
Selon un responsable du gouvernement, les forces afghanes tentent à présent de reprendre Islam Qala, qui est situé dans la province de Herat. "Toutes les forces de sécurité afghanes, dont les gardes-frontière, sont présentes dans la zone et tentent à présent de reprendre le site", a indiqué à l'AFP le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Tareq Arian.
Zabihullah Mujahid, un porte-parole des Taliban, a quant à lui déclaré à l'AFP que le poste-frontière d'Islam Qala était "complètement" sous le contrôle des insurgés, qui le "remettront en activité aujourd'hui".
Il s'agit de l'un des plus importants passages frontaliers d'Afghanistan – par lequel transite la majorité du commerce légal entre les deux pays – et du deuxième poste-frontière d'envergure pris par les Taliban depuis le début de leur offensive éclair début mai, alors que les Américains lançaient la dernière phase de leur retrait.
"Le pays peut être contrôlé"
Le mois dernier, les insurgés avaient capturé Shir Khan Bandar, le principal poste-frontière entre l'Afghanistan et le Tajikistan. Un millier de soldats afghans avaient dû trouver refuge au Tadjikistan après d'intenses combats.
Les forces afghanes ont perdu beaucoup de terrain, en particulier dans les zones rurales, alors que les Taliban encerclent de grandes villes comme Herat.
Suhail Shaheen, un porte-parole des Taliban, a cependant affirmé à l'AFP que les insurgés souhaitaient "un accord négocié" et "ne croyaient pas en un monopole sur le pouvoir".
Les Taliban se sont également réjouis de l'annonce de Joe Biden. "Le plus tôt sera le mieux pour le départ des troupes américaines et étrangères", a réagi Suhail Shaheen.
Ils avaient également lancé une offensive visant pour la première fois une capitale provinciale, Qala-i-Naw, où des combats les ont opposés aux forces gouvernementales pendant deux jours. Vendredi, le porte-parole du ministère de la Défense, Fawad Aman, a annoncé sur Twitter que les forces afghanes avaient repris le contrôle de la ville.
Le pays traverse "l'une des étapes les plus compliquées de la transition", avait reconnu jeudi le président afghan Ashraf Ghani. "Le pays peut être contrôlé", avait-il cependant assuré, confiant dans la capacité de son gouvernement à gérer la crise.
Avec AFP