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Le "Forum génération égalité", une conférence de l'ONU sur l'égalité des sexes, s'est ouvert mercredi à Paris, et 40 milliards de dollars d'investissements ont déjà été rassemblés. Emmanuel Macron et le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres avaient dénoncé en préambule le "vent mauvais" de "forces patriarcales" qui menace de faire régresser les droits des femmes dans le monde.

Reconstruire une "économie plus égalitaire", combattre les violences contre les femmes, soutenir l'éducation des filles, le "Forum génération égalité" a débuté mercredi 30 juin, à Paris et en ligne. Les organisateurs ont annoncé mercredi un total de 40 milliards de dollars de nouveaux investissements.

Ouverte par le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, accompagné du président français, Emmanuel Macron, cette conférence sur l'égalité des sexes était très attendue par les ONG, qui demandent des engagements concrets, notamment financiers de la part des États, mais aussi des organisations de la société civile ou de philanthropes.

La somme annoncée de 40 milliards comprend 17 milliards en provenance des États, environ 10 milliards de la Banque mondiale et 2,1 milliards de la fondation de Bill et Melinda Gates, a précisé dans un communiqué ONU Femmes. La Fondation Ford, de son côté, va débloquer 420 millions de dollars, notamment pour financer des programmes de lutte contre la "violence fondée sur le genre".

En France, la fondation Kering de l'homme d'affaires François-Henri Pinault a annoncé qu'elle débloquerait 5 millions d'euros sur les cinq ans à venir pour cofinancer la création de 15 nouvelles structures d'accueil pour femmes victimes de violences.

"Plan mondial d'accélération" vers l'égalité

Le forum doit déboucher sur un "plan mondial d'accélération" vers l'égalité, autour de plusieurs thématiques comme les violences envers les femmes, le droit à disposer de son corps, l'éducation des filles ou encore l'égalité économique.

Les défenseurs des femmes doivent mener une "bataille idéologique contre les forces conservatrices qui se développent un peu partout dans le monde et qui sont en train de remettre en cause" les acquis de la précédente grande réunion onusienne sur le sujet, organisée à Pékin il y a 26 ans, a souligné Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU.

"Des femmes qui voulaient simplement être libres de conduire, qui revendiquent simplement de ne pas porter un voile ou d'avorter, sont menacées", a déploré le président français, devant un parterre de dirigeants politiques, de militantes et de représentants de la société civile.

"Pour défendre la démocratie, nous devons lutter pour l'égalité hommes-femmes", a déclaré par visioconférence Kamala Harris, dont l'intervention a été applaudie par l'auditoire réuni au Carrousel du Louvre, où se trouvait notamment l'ancienne secrétaire d'État Hillary Clinton.

Celle qui est devenue en début d'année, dans la foulée de l'élection de Joe Biden, la première femme vice-présidente des États-Unis a rappelé l'intention de l'administration Biden de relancer le partenariat de Washington avec ONU-Femmes, agence des Nations unies dédiée à l'égalité des sexes et à l'autonomisation des femmes, auquel l'ancien président américain Donald Trump avait mis un terme.

Tous ont souligné que la pandémie de Covid-19 avait particulièrement touché les femmes et contribué à un recul de leurs droits, qu'il s'agisse de la déscolarisation des filles, d'une augmentation du nombre de femmes tombées dans la pauvreté ou des violences conjugales pendant les confinements.

Le Forum #GenerationEgalite, la plus importante conférence internationale sur ce thème depuis 1995, débute mercredi à #Paris.

Quels sont les enjeux de cet événement @GenEgaliteFR ? Éléments de réponse avec notre envoyée spéciale @Virginie_Herz ⤵️ pic.twitter.com/Dkjqb5a3TD

— FRANCE 24 Français (@France24_fr) June 30, 2021

Chaque thème abordé dans le forum par des "coalitions d'actions" associant États, organisations internationales, société civile et secteur privé va leur permettre d'élaborer une "feuille de route" dont la mise en œuvre doit être évaluée dans les cinq ans.

Soucieux d'éviter que les participants fassent de "beaux discours" non suivis d'effets, les organisateurs de l'événement ont "mis un ticket d'entrée, en disant : 'si vous voulez participer au forum, il faut que vous preniez un engagement concret et ambitieux, qui sera transparent, connu de tous'", a expliqué Delphine O, ambassadrice et secrétaire générale du forum.

Moins de paroles, plus d'argent   

Aux côtés des dirigeants politiques, la société civile est également représentée, avec la prix Nobel irakienne Nadia Mourad, la philanthrope américaine Melinda Gates, et des militantes des droits des femmes venues de plusieurs continents, engagées dans la défense de l'accès à l'avortement en Pologne, du mouvement LGBT en Turquie ou des droits politiques des femmes en Afghanistan.

L'organisation de lutte contre la pauvreté Oxfam a plaidé, en amont de l'événement, pour que la France mette en place un "plan de relance féministe" et donne ainsi une impulsion qui servirait d'exemple à d'autres États.

Ce plan est d'autant plus nécessaire que les femmes ont été les principales victimes de la crise économique provoquée par la pandémie de Covid-19, insiste l'ONG. Il est donc urgent, selon elle, de "promouvoir des politiques publiques qui déchargent les femmes du travail domestique", revaloriser les salaires des métiers à prédominance féminine, conditionner l'attribution de fonds publics au respect de l'égalité dans le monde du travail, ou encore "augmenter significativement" l'aide au développement dédiée à l'égalité.

Tous les États du monde devraient "allouer 0,1 % de leur PIB à la lutte contre les violences basées sur le genre", a par ailleurs expliqué lors d'un point presse Marie Véron, du "Collectif générations féministes", qui a lancé une campagne intitulée "Stop Talking, start Funding" ("assez de paroles, de l'argent !").

Avec AFP