Au lendemain de l'annonce de sa réélection, Hamid Karzaï propose un gouvernement d'union nationale et tend la main à ses "frères taliban". "La paix sera possible quand tous les Afghans parleront d'une seule voix", affirme le chef de l'État.
Hamid Karzaï, déclaré vainqueur de l’élection présidentielle après le retrait de son rival Abdullah Abdullah, s’est engagé, ce mardi lors de sa première allocution publique depuis sa reconduction à la tête de l’Afghanistan, à former un gouvernement incluant les différentes tendances politiques et à lutter activement contre la corruption.
Pour tenter de "ramener la paix", le président afghan a également appelé ses "frères taliban" à rentrer en Afghanistan et a demandé "l’aide et la coopération de la communauté internationale". Hamid Karzaï a déjà proposé à plusieurs reprises au
itmollah Omar, le chef suprême des Taliban, et aux autres responsables des insurgés de rejoindre le processus politique, garantissant même leur sécurité vis-à-vis des forces internationales, en vain. Les Taliban n'ont pas tardé à réagir : pour eux, Karzaï n'est qu'une "marionnette" des puissances occidentales qui ont décidé de l'issue de l'élection.
Abdullah Abdullah au gouvernement ?
Abdullah Abdullah, le principal rival politique d’Hamid Karzaï qui a décidé de se retirer de la course présidentielle peu avant le second tour, pourrait lui aussi se voir offrir un poste dans le gouvernement d’ouverture. "Tout le monde se demande s’il va entrer au gouvernement, explique Lucas Menget, envoyé spécial de FRANCE 24 à Kaboul. Abdullah a déjà affirmé qu’il n’accepterait pas, mais visiblement, il est en train de réfléchir, pour envisager la suite des opérations, pour se placer."
itHamid Karzaï a estimé lors de son allocution que la tenue d'un second tour aurait été préférable pour l'Afghanistan, déplorant le retrait d'Abdullah Abdullah : "Nous espérions, et cela aurait été meilleur pour notre pays, pour le processus démocratique et pour nous, que notre frère le Dr. Abdullah participe au second tour et que le second tour ait lieu."
Lutte contre la corruption
Hamid Karzaï s’est également engagé à lutter activement contre la corruption au sein de l’administration, fléau durement critiqué par les dirigeants occidentaux qui ont exigé du leader afghan des changements rapides et profonds. "Nous sommes à présent déterminés à user de toutes nos forces, par tous les moyens, pour nettoyer notre sol de cette tache", a-t-il assuré.
"C’était une intervention extrêmement sobre, où le président Hamid Karzaï a fait profil bas, résume Lucas Menget. Hamid Karzaï a voulu montrer aux Afghans, mais aussi à la communauté internationale, qu’il avait entendu le message."