Les dirigeants des pays d'Afrique australe ont annoncé mercredi à Maputo un accord sur l'envoi prochain de troupes au Mozambique, pour lutter contre les groupes jihadistes qui sèment la terreur dans le nord-est du pays depuis plus de trois ans.
Les dirigeants des pays d'Afrique australe se sont accordés sur un envoi de troupes au Mozambique. Réunis à Maputo, les responsables ont dit avoir pris cette décision, mercredi 23 juin, pour lutter contre les groupes jihadistes qui sèment la terreur dans le nord-est du pays depuis plus de trois ans.
La Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC, 16 pays) a "approuvé la mission de la force d'attente de la SADC pour soutenir le Mozambique dans son combat contre le terrorisme et les violences extrémistes au Cabo Delgado", a déclaré à l'issue d'un sommet extraordinaire la secrétaire exécutive de l'organisation, Stergomena Tax, sans autre précision.
Intégrité territoriale et protection de la population
Des groupes connus localement sous le nom d'"Al-Shabab" ("les jeunes" en arabe) font régner la terreur depuis fin 2017 dans la province pauvre et à majorité musulmane du Cabo Delgado, frontalière de la Tanzanie, par des violences spectaculaires, incendiant les villages et décapitant des hommes.
Leurs attaques sont montées en puissance depuis un an. Mais jusqu'à présent, le président Filipe Nyusi se montrait réticent à toute aide étrangère, insistant sur la souveraineté du pays, indépendant depuis 1975. L'armée, mal formée et équipée, s'était jusqu'ici appuyée sur des sociétés militaires privées.
SADC: les chefs d’Etat de la région approuvent le mandat de la mission d'une force régionale au Mozambique https://t.co/DHAdIF2cF3 pic.twitter.com/vAJAolz6Vj
— ACTUALITE.CD (@actualitecd) June 23, 2021L'éventuel déploiement de 3 000 hommes avait déjà été discuté en mai, lors d'un précédent sommet des dirigeants d'Afrique australe, mais aucune annonce n'avait été faite.
"Les initiatives de soutien de la SADC sont un complément important à l'effort de notre pays pour faire face au terrorisme avec, en première ligne, nos forces de défense et de sécurité, qui assurent avec abnégation la souveraineté et l'intégrité territoriale, ainsi que la protection de la population", a déclaré mercredi Filipe Nyusi, qui a présidé l'organisation pendant les 12 derniers mois.
Un "dilemme régional"
Le 24 mars, une attaque surprise d'ampleur contre la ville portuaire de Palma a fait des dizaines de morts et des dizaines de milliers de déplacés.
Cette attaque, l'une des plus importantes depuis le début des violences dans le Cabo Delgado, a provoqué la réaction de la communauté internationale et interrompu un méga-projet gazier de 16,8 milliards d'euros, opéré par le français Total et situé à seulement quelques kilomètres de Palma.
L'Italien ENI, qui a lancé un autre projet gazier dans la région, a pour sa part assuré lundi ne pas être affecté et être en bonne voie pour lancer l'exploitation comme prévu en 2022.
Le président Nyusi a subi "une pression énorme de la part de l'organisation pour le déploiement de ces troupes, car la situation au Mozambique n'est pas seulement une situation locale, elle s'est également transformée en dilemme régional", a affirmé à l'AFP Willem Els, de l'Institute for Security Studies (ISS).
Le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG), qui a récemment exhorté le Mozambique à accepter une aide extérieure "mesurée", a salué cette décision comme "une étape supplémentaire" dans la réponse à l'instabilité dans la région.
"Des opérations maritimes"
Lors d'une visite officielle en Afrique du Sud voisine fin mai, le président français Emmanuel Macron s'était dit prêt à "prendre part à des opérations maritimes" au large du Mozambique, si les États de la région le demandaient. Le Portugal et les États-Unis ont déjà envoyé des militaires pour des missions de formation.
Les dirigeants d'Afrique du Sud, du Botswana, de la République démocratique du Congo, de l'Eswatini, du Malawi, du Mozambique, de la Tanzanie et du Zimbabwe ont participé au sommet à Maputo, les autres pays étant représentés au niveau ministériel.
Les violences dans le nord-est du pays ont tué 2 800 personnes et forcé près de 800 000 autres à fuir, selon l'ONU.
Elles ont aussi provoqué une grave crise humanitaire. Lors du sommet, les dirigeants ont appelé les États membres à fournir une aide humanitaire. Près d'un million de personnes, pour la plupart des déplacés, souffrent de la faim, selon le Programme alimentaire mondial.
Avec AFP