Depuis plusieurs jours, Moscou fait face à une reprise massive de l'épidémie de Covid-19. En cause, le variant Delta, responsable de près de 90 % des nouvelles contaminations.
Après l'Inde et le Royaume-Uni, la Russie est confrontée à son tour à une flambée de l'épidémie de Covid-19. Depuis plusieurs jours, Moscou fait face à une hausse record de contaminations en raison du variant Delta, a affirmé vendredi 18 juin le maire de la capitale russe, annonçant certaines restrictions mais se gardant encore d'ordonner des mesures de confinement strictes.
"89,3 % des malades sont infectés par un coronavirus qui a muté, dit Delta, le variant indien. Et il est plus agressif, se répand plus vite", a affirmé Sergueï Sobianine, à l’antenne de la chaîne télévisée Pervi Kanal. "C'est la raison pour laquelle nous voyons une explosion de la morbidité et une forte croissance des hospitalisations", a-t-il ajouté.
La capitale de 12 à 13 millions d'habitants a enregistré 9 056 nouveaux cas en 24 heures, un record depuis le début de l'épidémie et le triple du niveau enregistré il y a moins de deux semaines. 1 764 malades ont du être hospitalisés jeudi.
Avec 17 262 contaminations quotidiennes au niveau national, la Russie est au plus haut depuis le 1er février. Le pays a enregistré en outre 453 décès supplémentaires, un pic depuis le 18 mars, et Moscou déplore 78 nouveaux morts.
En réaction, Moscou a déjà porté de 13 000 à 17 000 le nombre de lits destinés aux patients malades du Covid-19 depuis lundi, et compte porter ses capacités à 20 000 dans les prochains jours.
Restrictions limitées
La Russie est, avec 128 445 morts recensés par le gouvernement, le pays européen le plus endeuillé. L'agence russe des statistiques, Rosstat, qui a une définition plus large des décès liés au Covid-19, comptabilise elle quelque 270 000 morts depuis le début de la pandémie.
La récente flambée a été favorisée par une campagne de vaccination laborieuse, les Russes se méfiant massivement des vaccins développés dans leur pays, l'absence de restrictions depuis des mois et le non-respect des règles de distanciation et du port du masque.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a dénoncé "le nihilisme total" et "le caractère perfide de l'infection" comme les causes de cette résurgence. "Nous sommes en retard sur la vaccination comparé à beaucoup d'autres pays, nous avons peu réussi à ce niveau", a-t-il également reconnu, ajoutant toutefois que tout le nécessaire avait été "assuré" par l'État.
Moscou a donc réintroduit des interdictions depuis une semaine, mais elles restent limitées afin de préserver l'économie. Déjà, lors de la vague hivernale meurtrière, aucun confinement strict n'avait été mis en place.
Le maire a annoncé, vendredi, l'annulation des événements de divertissements de plus de 1 000 personnes, entraînant la fermeture de la fan-zone de l'Euro de foot au complexe olympique de Loujniki.
Il a prolongé jusqu'au 29 juin la fermeture, décrétée le week-end dernier, des lieux de restauration, des centres commerciaux ou encore des installations des parcs publics, comme les aires de jeux. Restaurants et bars fermeront de 23 h à 6 h du matin, comme c'est le cas depuis une semaine.
Le maire a prévenu que d'autres mesures "très strictes" pourraient intervenir rapidement.
Défiance envers les vaccins
Sergueï Sobianine a aussi décrété, mercredi, la vaccination obligatoire des employés du secteur des services. Quelque 60 % d'entre eux, soit deux millions de personnes environ, doivent l'être d'ici au 15 août.
Depuis près d'un an, l'appareil d'État met en avant sa bonne gestion de la crise sanitaire et les prouesses du Spoutnik V, vaccin développé par la Russie et disponible depuis plus de six mois.
Mais les Russes ne sont pas allés se faire vacciner malgré les appels répétés du pouvoir, le président Vladimir Poutine le premier, sur fond de défiance d'une population échaudée par des décennies de propagande soviétique puis russe et les coupes budgétaires dans le domaine de la santé.
Depuis décembre, seuls 19,4 millions de Russes sur 146 millions ont reçu au moins une dose, selon le site Gogov, qui agrège les données des régions et médias faute de statistiques nationales officielles.
À Saint-Pétersbourg, où l'épidémie repart également, les mesures restrictives restent limitées à l'heure où la ville accueille sept matchs et des dizaines de milliers de fans de l'Euro de foot.
Avec AFP