Les prix Goncourt et Renaudot 2009 ont respectivement été attribués à Marie Ndiaye (photo) pour son roman "Trois femmes puissantes", et au trublion Frédéric Beigbeger pour "Un roman français".
Les prix Goncourt et Renaudot 2009 ont été respectivement attribués, lundi, à Marie NDiaye, pour "Trois femmes puissantes" (Gallimard), et Frédéric Beigbeder, pour "Un roman français" (Grasset).
Le roman de l’auteure franco-sénégalaise a obtenu le plus prestigieux des prix littéraires français au premier tour avec cinq voix, contre deux pour "La Vérité sur Marie" de Jean-Philippe Toussaint et une voix pour "Les Heures souterraines" de Delphine de Vigan.
Le dernier opus de Frédéric Beigbeder a obtenu le Renaudot au cinquième tour avec sept voix contre une pour "Les Veilleurs" de Vincent Message, une voix pour "Ce que je sais de Vera Candida" de Véronique Ovaldé et une pour "Mauvaise Fille" de Justine Lévy.
"‘Tois femmes puissantes’de Marie Ndiaye était déjà un grand succès critique, et un succès de librairie" remarque Augustin Trapenard, chroniqueur littéraire de FRANCE 24. Sorti le 20 août dernier, le roman s’est vendu à 140 000 exemplaires.
"Une sorte de miracle s’était déjà produit avec le succès de ce livre. Ce prix est inattendu", a réagi, à l’annonce des résultats, Marie Ndiaye qui dit être ‘’très contente d’être une femme qui reçoit le prix Goncourt’’, précisant que la récompense couronne "25 ans d’écriture et d’opiniâtreté".
Ndiaye, une vingtaine de romans à 23 ans
itPremière femme à obtenir le Goncourt depuis celui délivré, en 1998, à Paule Constant (‘’Confidence pour confidence’’), Marie NDiaye n’est pas une inconnue du public. Elle n’a que 18 ans lorsqu’elle publie, en 1985, son premier roman "Quant au riche avenir". Remarquée par Jérôme Lindon des éditions de Minuit, elle abandonne rapidement ses études pour se consacrer à l'écriture, et enchaîne romans et recueils de nouvelles. A l’âge de 23 ans, l’auteure franco-sénégalaise avait déjà publié une vingtaine d’ouvrages.
Romancière atypique, féministe et engagée, elle surprend par l'étrangeté de ses récits, qui introduisent dans la narration des phénomènes surnaturels (apparitions, métamorphoses, etc.). Prix Femina en 2001 pour ‘’Rosie Carpe’’, elle entre en 2003 au répertoire de la Comédie française avec "Papa doit manger".
"Trois femmes puissantes" est le récit juxtaposé de trois destins de femmes, chacune entre la France et l'Afrique. "Ce livre est le portait de trois femmes fortes, chacune à sa manière", explique, à l’AFP, Marie Ndiaye. Ce qui les unit, c’est une force profonde, une croyance en qui elles sont, une façon de ne jamais douter de leur propre humanité. Ce sont des femmes tranquillement puissantes", ajoute l’écrivaine.
Beigbeder, une enfance béarnaise
Frédéric Beigbeder, ex-jet-setter et trublion de l'édition française, évolue à 1 000 lieux de la jeunesse modeste de Ndiaye, élevée en région parisienne par sa mère professeure de sciences naturelles. Auteur à succès et pilier de la critique littéraire, il obtient avec ce prix Renaudot une nouvelle consécration pour son talent d'écrivain.
"C'est un encouragement à un garnement qui avait bien besoin de ça", déclarait-il, lundi, après l'annonce du prix.
"Un roman français", son récit autobiographique, fleure la province profonde. Fatigué des nuits d’excès dans les boîtes de nuit parisiennes, Beigbeder livre le récit sensible de son enfance béarnaise.
Le prix Renaudot de l'essai a été décerné à Daniel Cordier pour "Alias Caracalla" (Gallimard). Enfin, le jury mythique a décerné pour la première fois un Renaudot du livre de poche, attribué à Hubert Haddad pour ‘’Palestine’’.