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Le second tour de la présidentielle annulé, Karzaï reconduit à la tête de l'État

Hamid Karzaï a été proclamé vainqueur de l'élection présidentielle en Afghanistan, la Commission électorale indépendante (IEC) ayant décidé d'annuler le second tour prévu le 7 novembre après le retrait d'Abdullah Abdullah.

La Commission électorale indépendante (IEC) d'Afghanistan a annulé le second tour de la présidentielle et déclaré le chef de l'Etat sortant Hamid Karzaï vainqueur après le retrait dimanche de son rival Abdullah Abdullah avant le second tour. "La commission électorale indépendante déclare Hamid Karzaï président [...] car il est le vainqueur du premier tour et seul candidat au second tour", a ainsi déclaré Azizullah Ludin, responsable de la Commission, lors d'une conférence de presse.

"Qu’il n’y ait pas de second tour est une déception", déplore sur l’antenne de FRANCE 24 Thierry Mariani, représentant spécial de la France au Pakistan et en Afghanistan. "Maintenant, il faut tourner la page électorale. Nous attendons un gouvernement différent de ce qu’on a vu jusqu’à présent, qui prenne vraiment en compte la lutte contre la corruption, qui prenne à bras le corps la question du développement, qui engage une véritable réconciliation avec ceux qui sont prêts à déposer les armes" ajoute-t-il.

Avant même le début de son nouveau mandat, la crédibilité d'Hamid Karzaï est, selon les experts, d’ores et déjà ternie par les diverses accusations de fraudes et par la faible participation au premier tour (38,7 %).

"La légitimité de Karzaï va être très faible, principalement à cause de l’annulation d’un second tour, confirme Luc Mathieu, correspondant de "Libération" pour FRANCE 24 à Kaboul. Il ne va pas avoir le choix, il va subir une forte pression de la communauté internationale pour former un gouvernement d’union nationale."

Fraudes électorales

Dimanche, lors d’un rassemblement avec ses partisans, Abdullah Abdullah, visiblement ému, a annoncé qu’il se retirait de la course à la présidentielle, estimant qu’une "élection transparente [n’était] pas possible". Il a également mis en cause l’incapacité de son rival à réformer la procédure électorale pour éviter les fraudes qui avaient entaché le premier tour, le 20 août.

"Abdullah Abdullah laisse le champ libre à Hamid Karzaï", analyse Luc Mathieu. "Il savait que, de toute façon, il ne pouvait pas gagner cette élection, le président actuel pouvant compter sur les voix des ethnies hazara et pachtoune, deux communautés qui constituent la majorité de la population afghane", poursuit le journaliste.

"Le dirigeant légitime" de l'Afghanistan, selon Washington

Karzaï a recueilli 49,67 % des suffrages lors du premier tour, après invalidation des bulletins de 210 bureaux de vote. Il avait fini par accepter la tenue d’un second tour, sous la pression de la communauté internationale.

Dans un communiqué diffusé à Kaboul par l'ambassade américaine, les Etats-Unis ont félicité Hamid Karzaï pour "sa victoire dans cette élection historique".

"Nous félicitons le président Karzaï pour sa victoire dans cette élection historique et continuerons de travailler avec lui, sa nouvelle administration, le peuple afghan et nos partenaires dans la communauté internationale pour soutenir les progrès de l'Afghanistan dans ses réformes institutionnelles, la sécurité et la prospérité", a indiqué l'ambassade.

"Le président Karzaï a été déclaré vainqueur de l'élection afghane... Donc naturellement il est le dirigeant légitime du pays", a dit le porte-parole,  Robert Gibbs.