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Multiplication des efforts diplomatiques pour sortir le pays de la crise politique

Le secrétaire général de l'ONU est arrivé à Kaboul pour tenter de trouver une solution au dernier épisode en date de la crise politique qui paralyse le pays depuis deux mois : le retrait d'Abdullah Abdullah du second tour de la présidentielle.

À cinq jours du second tour de la présidentielle en Afghanistan, les efforts diplomatiques se multiplient à Kaboul pour tenter de trouver une issue à la crise politique née du retrait de la candidature d’Abdullah Abdullah.

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, est arrivé lundi dans le pays. Il doit s’entretenir avec les deux principaux protagonistes du scrutin, l’ex-ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah et le président sortant Hamid Karzaï.

L'ONU "respectera et soutiendra" toute décision prise par les autorités électorales afghanes sur l'opportunité d'un second tour à la présidentielle afghane",  a-t-il déclaré à son arrivée.

Cette déclaration intervient alors que la Commission électorale indépendante (IEC), chargée de l'organisation du scrutin, s'apprête à annoncer  "sa décision sur la conduite du second tour de l'élection présidentielle", selon un communiqué.
 

Le retrait d'Abdullah Abdullah donne à Hamid Karzaï l'assurance d'être réélu. Mais avant même le début de son nouveau mandat, la crédibilité de M. Karzaï est d’ores et déjà ternie : seul en lice au second tour, prévu le 7 novembre, il devrait par ailleurs subir l'affront d'une participation encore plus faible qu’au premier tour (38,7 %), selon les experts.

Dimanche, lors d’un rassemblement avec ses partisans, Abdullah Abdullah, visiblement ému, a annoncé qu’il se retirait de la course à la présidentielle, estimant qu’une "élection transparente [n’était] pas possible". Il a également mis en cause l’incapacité de son rival à réformer la procédure électorale pour éviter les fraudes qui avaient entaché le premier tour, le 20 août.

"Abdullah Abdullah laisse le champ libre à Hamid Karzaï. Il n’a même pas appelé ses partisans à boycotter le second tour, analyse Luc Mathieu, correspondant du quotidien français Libération à Kaboul. Abdullah Abdullah savait que, de toute façon, il ne pouvait pas gagner cette élection, le président actuel pouvant compter sur les voix des ethnies hazaras et pachtounes, deux communautés qui constituent la majorité de la population afghane", poursuit celui-ci.

Karzaï a recueilli 49,67 % des suffrages lors du premier tour, après invalidation des bulletins de 210 bureaux de vote. Il a fini par accepter la tenue d’un second tour, sous la pression de la communauté internationale.

Maintien du second tour

Après plusieurs heures de doutes, la commission électorale, réputée pro-Karzaï, a finalement décidé de maintenir le second tour de l'élection, malgré le risque d’un faible taux de participation, les problèmes de sécurité et l’assurance d’une réélection d’Hamid Karzaï.

Dimanche, la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, en tournée en Israël et au Maroc, n’a pas fait grand cas de l’annonce du retrait d’Abdullah Abdullah. "Nous soutiendrons le prochain président du peuple afghan, qui recherche et mérite un meilleur avenir", a-t-elle déclaré laconiquement dans un courrier électronique. Elle a également incité Abdullah Abdullah à "rester engagé" au service de la paix.

À Washington, un proche conseiller de Barack Obama, David Axelrod, a estimé dans une interview accordée à Reuters que le retrait de la candidature de l’ancien ministre des Affaires étrangères "ne changeait pas la situation de façon marquante".

"Les diplomates présents sur place veulent surtout que l’élection se termine enfin, reprend Luc Mathieu. La communauté internationale espère un accord entre Hamid Karzaï et Abdullah Abdullah pour éviter un second tour. Un nouveau scrutin est compliqué à organiser et ferait prendre des risques inutiles aux soldats de l’Otan déployés dans le pays."

Les Taliban, qui ont revendiqué l’attaque d'une maison d’hôte de l'ONU à Kaboul dans laquelle cinq employés de l’organisation ont été tués mercredi dernier, ont assuré que le retrait d’Abdullah Abdullah n’avait "aucune signification" pour eux. "Nous ne permettrons pas qu’un second tour se déroule pacifiquement, a assuré Youssouf Ahmadi, un porte-parole du mouvement religieux. Nous allons intensifier nos attaques contre le processus électorale et faire en sorte que cette élection soit un échec."