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Les Algériens aux urnes pour les premières législatives depuis le Hirak

À l'issue d'une campagne électorale sans public pour cause d'épidémie, les Algériens se sont rendus aux urnes, samedi 12 juin, pour des élections législatives anticipées censées apporter une nouvelle légitimité au pouvoir en place. Les premiers chiffres officiels font état d'une très faible participation.

Les Algériens se sont rendus aux urnes, samedi 12 juin, pour des élections législatives anticipées rejetées par le mouvement contestataire du Hirak et une partie de l'opposition, sur fond de répression tous azimuts.

 A 16H00 (15H00 GMT), le taux de participation national a atteint 14,47%, un score très bas, selon le président de l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Chorfi.

Il s'agit des premières législatives depuis le soulèvement populaire inédit et pacifique, né le 22 février 2019 du rejet d'un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika. Le pouvoir avait anticipé un faible taux de participation.

"Pour moi, le taux de participation n'a pas d'importance. Ce qui m'importe, c'est que ceux pour lesquels le peuple vote aient une légitimité suffisante", a affirmé le président Abdelmadjid Tebboune après avoir voté à Alger.

Les bureaux de vote ont fermé à 20H00 locales (19H00 GMT) après une prolongation d'une heure, selon l'ANIE. Les résultats officiels sont attendus en principe dimanche.

Les opérations de vote se sont déroulées généralement dans le calme à Alger, où les électeurs étaient rares, et en province, sauf en Kabylie, région frondeuse où la participation a été quasi nulle lors des précédents scrutins.

Heurts en Kabylie

En Kabylie (nord-est), la quasi totalité des bureaux de vote ont fermé à Béjaïa et Tizi Ouzou, les villes les plus peuplées de la région berbérophone, selon la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme et le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).

Des échauffourées ont éclaté dans plusieurs localités kabyles et les forces de l'ordre ont procédé à des dizaines d'interpellations, selon ces deux ONG.

Des images de bulletins de vote jonchant les rues en Kabylie ont circulé sur les réseaux sociaux.

Le CNLD a également fait état d'arrestations à Alger et dans la ville voisine de Boumerdès.

Avant les élections, le Hirak, qui réclame en vain un changement radical du "système" de gouvernance en place depuis l'indépendance (1962), a dénoncé une "mascarade électorale". L'opposition laïque et de gauche a boycotté le scrutin.

Le régime lui est déterminé à imposer sa "feuille de route" électoraliste, en ignorant les revendications du Hirak -Etat de droit, transition démocratique, souveraineté populaire, justice indépendante.

Quelque 24 millions d'Algériens étaient appelés à élire les 407 députés de l'Assemblée populaire nationale pour cinq ans. Ils devaient choisir parmi 2.288 listes, dont plus de 1.200 s'affichent comme "indépendantes".

C'est la première fois qu'un nombre aussi élevé d'indépendants se présentent face à des prétendants endossés par des partis largement discrédités et jugés responsables de la crise dans le pays.

Avec AFP