Les civils sont désormais la cible privilégiée des attaques terroristes. Mais en dépit du sentiment anti-Taliban qui semble gagner le Pakistan, cette nouvelle vague de violence accentue surtout le divorce entre la population et son gouvernement.
Le 20 octobre, sept étudiants, dont plusieurs jeunes femmes, ont trouvé la mort dans un double attentat-suicide perpétré à l’université islamique d’Islamabad. Deux heures après le drame, le ministre pakistanais de l’Intérieur, Rehman Malik, se présente sur les lieux… avant de repartir en catastrophe moins d’une minute plus tard, chassé à coups de pierres par les étudiants. Le signe d’un changement profond dans l’opinion pakistanaise : désormais, beaucoup tiennent les autorités pour responsable de la violence des Taliban.
Il y a quelques semaines encore, c’était pourtant l’union sacrée contre les insurgés islamistes. Après la prise d’otages dans le quartier général de l’armée, le 10 octobre, et la triple attaque contre la police à Lahore, le 15, l’armée lançait son offensive terrestre contre le fief des Taliban pakistanais (TTP) au Sud-Waziristan. Avec le soutien d’une majorité d’habitants.
Mais cette opération n’a pas permis d’enrayer les attaques. Aujourd’hui, le pouvoir reconnaît son incapacité à prévenir les attentats dans les grandes villes. Le soutien populaire s’effondre et les fantômes du passé ressurgissent. Par trois fois déjà, l’armée pakistanaise a mis fin prématurément à ses offensives au Waziristan…