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Chirac renvoyé en correctionnelle pour détournement de fonds publics

Jacques Chirac est renvoyé devant la justice pour détournement de fonds publics dans l'affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris. C'est la première fois en France qu'un ancien chef de l’État devra affronter un procès.

Jacques Chirac est renvoyé en correctionnelle pour détournement de fonds publics dans l'affaire des chargés de mission de la Ville de Paris. C'est la première fois qu'un chef de l’État est poursuivi dans une affaire judiciaire en France. Selon le service de presse de l'ancien chef de l'Etat, Jacques Chirac est renvoyé devant la justice pour "21 supposés emplois fictifs" à la mairie de Paris.

La juge d'instruction Xavière Simeoni a donc décidé de ne pas suivre les réquisitions de non-lieu général du parquet, jugeant que les charges étaient suffisantes pour un procès. Le procureur a, de son côté, la possibilité de faire appel.
 

"Cela n’aurait pas été naturel qu’il ait bénéficié d’une mesure exceptionnelle en raison de sa carrière, explique avec détachement Jean-François Probst, ancien conseiller de Jacques Chirac. Pour Marc Perelman, spécialiste politique à FRANCE 24, le clan Chirac, qui a annoncé la nouvelle, a essayé "de déminer l’information en la fuitant, mais cela sonne comme un véritable coup de tonnerre".

"Aucun des emplois constitue un emploi fictif"

Protégé pendant 12 ans par sa fonction à la tête de l'Etat (1995-2007), Jacques Chirac a été mis en examen le 21 novembre 2007 pour détournement de fonds publics dans ce dossier d'emplois de complaisance présumés payés par le cabinet du maire de Paris - fauteuil qu’il a occupé de 1977 à 1995.
 

L’affaire remonte à la période courant de 1983 à 1998, soit du début du deuxième mandat de maire de Jacques Chirac aux trois premières années de son successeur, Jean Tiberi.
 

Jacques Chirac va devoir s'expliquer devant le tribunal correctionnel de Paris pour ces emplois qui auraient profité à des militants ou élus de son parti le RPR, ou encore à des proches. Il se dit "décidé à établir qu'aucun des emplois en débat constitue un emploi fictif", selon son bureau.
 

"Ce sera un procès difficile pour Jacques Chirac"

Le camp Chirac tient à afficher une totale quiétude. "Il y a tout lieu d’être serein", affirme Jean-François Probst. Pour le chiraquien François Baroin, l’instruction a permis de révéler qu’il n’existait pas de système entre le RPR et la Ville de Paris. "Ce que certains présentaient comme 500 contrats délictueux se résume en fait à une vingtaine de contrats", souligne-t-il.  

Laurent Valdiguié, rédacteur en chef du "Journal du dimanche", estime pour sa part que "ce genre de procès, concernant des affaire d’emplois fictifs, est assez simple à prouver". Et de poursuivre : "Ce sera un procès difficile pour Jacques Chirac."

Neuf autres personnes sont également renvoyées en correctionnelle dans cette affaire: deux anciens directeurs de cabinet de Jacques Chirac, Michel Roussin et Rémy Chardon, ainsi que sept bénéficiaires d'emplois présumés fictifs, dont François Debré, l'ancien patron du syndicat Force ouvrière Marc Blondel et Jean de Gaulle.

Capital sympathie

Jacques Chirac, âgé de 76 ans, laisse un bilan politique mitigé mais bénéficie d’un capital sympathie inébranlable depuis son départ de l’Élysée. En août dernier, l’ancien chef de l’Etat figurait au 29e rang des personnalités préférées des Français, selon "le Journal du dimanche".

Mais sa carrière reste entachée par plusieurs affaires politico-judiciaires auxquelles son nom reste lié. Il a été entendu en 2007 sous le statut de témoin assisté - à mi-chemin entre celui de simple témoin et celui de mis en examen - dans une autre enquête sur les emplois présumés fictifs du RPR, dont l'instruction à Nanterre se poursuit.