
Ici l’Europe célèbre cette semaine la Fête du travail, une fête au goût amer avec un nouveau record de chômage en Europe en pleine pandémie. Alors que les 27 sont en train de remettre leurs plans de relance nationaux à Bruxelles et qu’un sommet social se prépare à Porto, nous recevons Nicolas Schmit, commissaire européen en charge de l'Emploi et des Droits sociaux. Ce membre du Parti ouvrier socialiste luxembourgeois et ancien diplomate va devoir utiliser ses compétences de négociateur pour défendre des avancées de l’Europe sociale post-Covid.
Droits des travailleurs
En ce 1er mai, le deuxième depuis le début de la crise sanitaire, Nicolas Schmit tient d’abord à rendre hommage “à tous les travailleurs dits essentiels, qui nous ont permis de passer cette crise de la pandémie, parfois au risque de leur vie”, soulignant que “c’est à eux qu’il faut consacrer cette journée”.
Interrogé sur la forte hausse, depuis un an, du nombre de plateformes de commerce numérique et des emplois précaires qu’elles ont engendrés, le commissaire européen rappelle que la Commission “a fait des propositions dès son entrée en fonction pour que ces travailleurs des plateformes aient les mêmes conditions de travail et les mêmes droits sociaux que tous les autres travailleurs”, ajoutant qu’elle compte “à la fin de cette année faire des propositions très concrètes pour y arriver”.
Plans de relance et lutte contre le chômage
Alors que le Portugal, qui tient la présidence tournante de l’Union européenne pour encore deux mois, demande à la Commission d’approuver les plans de relance nationaux d’ici le mois d’août, Nicolas Schmit rappelle qu’il faut d’abord “que tous les états membres prennent leurs responsabilités en matière de ratification”, afin que “l’Europe agisse rapidement pour les mettre en oeuvre afin de ne pas être à la traîne des États-Unis et de la Chine et retrouver le chemin de la croissance et des réformes” dans les domaines de la lutte contre le changement climatique, la digitalisation, l’éducation, la formation...
Avec la pandémie, le chômage augmente partout en Europe. Nicolas Schmit reconnaît qu’il faut “investir plus d’argent pour innover en matière de création d’emplois et d’embauches”, mais souligne que “la Commission ne peut pas attribuer les fonds comme elle le souhaite car elle doit le faire en concertation avec les états membres”. Interrogé sur un potentiel plan de relance renforcé contre un rebond du chômage dans l’Union européenne, il insiste sur le fait qu’il “faut d’abord rapidement mettre en œuvre celui qu’on a, car plus on tarde plus les entreprises voient leurs difficultés augmenter” et qu’il est “très important d’éviter cette vague de faillites ; et nous avons les possibilités de le faire, à l’échelle européenne mais aussi au niveau national”.
"Pas de salaire minimum européen unique"
Le 7 mai, le Portugal organise un sommet social à Porto, temps fort de sa présidence. Certains pays de l’UE rappellent à cette occasion que le social doit rester une prérogative nationale. Le commissaire confirme cette “évidence” et rappelle que la Commission “ne veut en aucune manière affaiblir” les compétences nationales à ce niveau, contrairement à ce que pourraient craindre les pays nordiques “qui ont des systèmes sociaux originaux mais très forts et qui sont des exemples dans beaucoup de domaines”, notamment sur le salaire minimum, dont on ne peut que constater les écarts entre les différents pays de l’Union.
Nicolas Schmit rappelle que “si un salaire ne permet pas une vie décente et ne correspond pas au niveau de productivité, il faut des critères objectifs pour déclencher une dynamique positive vers le haut pour que progressivement on ait plus de convergence salariale en Europe”. Mais “il n’y aura pas de salaire minimum européen unique, ce n’est pas réaliste”, conclut-il.
Émission préparée par Isabelle Romero, Mathilde Bénézet, Céline Schmitt et Perrine Desplats