
Des dizaines de milliers de manifestants étaient dans la rue mercredi en Colombie, pour protester contre un projet de réforme fiscale du président Ivan Duque, en pleine troisième vague de l'épidémie de Covid-19 qui affecte gravement la quatrième économie d'Amérique latine.
Des dizaines de milliers de manifestants ont répondu aux appels des plus grands syndicats colombiens à sortir dans les rues de Colombie, mercredi 28 avril, pour protester contre le projet de réforme fiscale controversé du président de droite Ivan Duque, en pleine troisième vague de l'épidémie de Covid-19 qui affecte gravement le pays.
À Bogota, des milliers de manifestants se sont rassemblées sur la place de Bolivar, au cœur historique de la capitale où se trouvent le siège de la présidence et le parlement.
"Nous n'acceptons pas la réforme fiscale, nous pensons à nos enfants, à nous-mêmes (...) Nous mourons du virus ou nous mourons de faim", a déclaré Victor Cordoba, un cordonnier de 33 ans venu manifester.
La mobilisation, également importante aussi dans d'autres villes, notamment à Medellin (nord-ouest) et à Cali (sud-ouest), était organisée à l'appel du Comité national de grève, initiateur depuis 2019 de multiples manifestations pour exiger un changement de politique du chef de l'État conservateur.
La police a fait usage de gaz lacrymogènes dans les grandes villes où des troubles ont éclaté. 47 500 agents des forces de l'ordre ont été déployés dans l'ensemble du pays.
Quarante personnes ont été arrêtées et 42 policiers ont été blessés. La plupart des troubles se sont produits à Cali où l'armée a été déployée et où le couvre-feu a été avancé à 13 h jusqu'à dimanche.
Les manifestants sont descendus dans la rue en dépit de l'ordre d'un tribunal administratif de reporter la manifestation, et des recommandations du Défenseur du peuple, entité publique de protection des droits humains, qui avait souligné "l'inconvénient de convoquer des mobilisations sociales en cette période si risquée pour la santé et la vie".
Avec plus de 2,8 millions de cas de Covid-19, la Colombie est le troisième pays d'Amérique latine le plus affecté après le Brésil et l'Argentine. Il se place derrière le géant brésilien et le Mexique pour le nombre de décès, plus de 72 200.
Le pays a enregistré mercredi un nouveau record de décès quotidiens avec 490 morts, alors que les unités de soins intensifs des hôpitaux sont sous pression.
Une réforme controversée
La réforme fiscale proposée par le gouvernement du président Ivan Duque augmenterait les impôts des particuliers et des entreprises et supprimerait de nombreuses exemptions. Elle devait initialement permettre de récolter environ 6 milliards de dollars supplémentaires entre 2022 et 2031, soit l'équivalent de 2 % du produit intérieur brut (PIB) dans le pays où le PIB a chuté de 6,8 % en 2020.
Bien que le président ait présenté son projet comme un outil pour mitiger l'impact économique de la pandémie, il se heurte à des obstacles au parlement faute de majorité.
Plusieurs syndicats d'ouvriers, d'enseignants, ainsi que des associations indigènes et d'autres secteurs rejettent ce projet en cours d'examen au parlement, estimant qu'il porte préjudice à la classe moyenne en pleine crise sanitaire.
"Compromis et solutions"
Au cours de son intervention télévisée quotidienne, le président colombien Ivan Duque s'est engagé en fin de journée à rechercher "des compromis et des solutions" afin que la réforme soit approuvée.
Mais le président, dont la popularité est au plus bas à seulement 33 %, a déploré "la violence" des manifestations et qu'elles aient eu lieu "en plein troisième pic de la pandémie".
Les dirigeants syndicaux ont appelé à poursuivre les marches jeudi et annoncé une autre manifestation pour le 19 mai. "Nous demandons au président Duque de retirer la réforme fiscale", a déclaré Francisco Maltes, président de la Centrale syndicale des travailleurs (CUT), lors d'une conférence de presse.
Avec AFP