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Algérie : Karim Tabbou, figure du "Hirak", placé en garde à vue

L'opposant algérien Karim Tabbou, figure centrale du mouvement de protestation en Algérie, a été, selon son avocat, placé en garde à vue mercredi soir à Alger à la suite d'une plainte déposée par un officiel.

Figure du mouvement pro-démocratie du "Hirak" en Algérie, l'opposant Karim Tabou a été mis en garde à vue à Alger, mercredi 28 avril au soir, à la suite d'une plainte déposée contre lui par le président du Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH), a indiqué son avocat Me Ali Fellah Benali. Il sera présenté jeudi devant un procureur, a précisé l'avocat, cité sur les réseaux sociaux.  

???? Plainte de Bouzid Lazhari : les avocats de Karim Tabbou annoncent ce mercredi soir que le militant a été placé en garde à vue et sera présenté demain, jeudi 29 avril 2021 devant le procureur de la République.

— Moncef Ait-Kaci (منصف آيت قاسي) (@Moncefaitkaci) April 28, 2021

Le mouvement pro-démocratie en Algérie est déterminé à continuer à occuper la rue malgré "l'appareil répressif" et les "manœuvres de diversion" du régime, a affirmé Karim Tabbou, peu de temps avant son placement en garde à vue.

Karim Tabbou, déjà emprisonné de septembre 2019 à juillet 2020, est un visage très populaire de la contestation anti régime depuis le début du "Hirak" il y a plus de deux ans. Ce mouvement, né en février 2019 du rejet massif d'un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, réclame un changement radical du "système" politique en place depuis l'indépendance en 1962.

L'opposant avait été convoqué au commissariat pour répondre d'une plainte déposée contre lui par Bouzid Lazhari, le président du Conseil national des droits de l'Homme, un organisme officiel.

Ce dernier avait été conspué par le militant dans un cimetière algérois lundi, lors des funérailles de l'avocat Ali Yahia Abdenour, vétéran du combat pour les droits de l'Homme en Algérie.

Vague de répression

La garde à vue de Karim Tabbou s'inscrit dans un climat de répression accrue contre des militants, des opposants politiques et des journalistes à l'approche des élections législatives convoquées en juin par un pouvoir impopulaire.

Mardi, la police a empêché des étudiants de manifester comme chaque semaine à Alger, pour la première fois depuis la reprise fin février des marches du Hirak.

Les forces de l'ordre ont procédé à des dizaines d'interpellations et à des perquisitions, selon le Comité national de libération des détenus (CNLD), une association qui vient en aide aux prisonniers d'opinion. La presque totalité des personnes interpellées a été ensuite relâchée. 

Mais un activiste connu, Kaddour Chouicha, responsable de la Ligue algérienne des droits de l'Homme (LADDH) à Oran (nord-ouest), et son épouse Jamila Loukil, journaliste et militante, ont été arrêtés mercredi puis libérés en début de soirée, selon le CNLD, mais devront se présenter jeudi au commissariat central d'Oran.

Toujours selon le Comité national de libération des détenus, le domicile d'un autre militant arrêté, Hicham Khiyat, cofondateur de Nida-22, une initiative indépendante de dialogue au sein du "Hirak", a également été perquisitionné mercredi à Blida, près d'Alger.

Dans un communiqué publié mercredi, la Ligue algérienne des droits de l'Homme a exprimé son inquiétude devant "l'escalade de la répression qui vise toutes les voix de l'opposition et du Hirak". Elle a exhorté le pouvoir à "l'arrêt immédiat du harcèlement et des arrestations arbitraires des militant•e•s pacifiques du Hirak, de la société politique, civile, et des journalistes". 

Selon les associations algériennes de soutien aux détenus d'opinion, quelque 65 personnes, poursuivies en lien avec le Hirak ou les libertés individuelles, sont actuellement derrière les barreaux en Algérie.

Avec AFP