Le conseil militaire tchadien a nommé lundi l'ancien Premier ministre, Albert Pahimi Padacke, à la tête du gouvernement de transition, dont les membres seront nommés par Mahamat Idriss Déby, le fils de l'ancien président défunt.
Le dernier Premier ministre d'Idriss Déby, Albert Pahimi Padacké, a été nommé lundi 26 avril chef du gouvernement de transition au Tchad. Un décret signé par Mahamat Idriss Déby, président du Conseil militaire de transition (CMT), a officialisé la nouvelle. Une décision prise après que l’ancien président, Idriss Déby Itno, a été tué au combat contre des rebelles la semaine dernière.
Albert Pahimi Padacké a plaidé pour une "union sacrée pour sauver (la) Nation" dans un entretien à l'AFP après sa nomination. "Le défi (...) est celui de la paix", a-t-il déclaré. "Comment faire pour que les armes se taisent dans notre pays ? Et comment faire pour que les Tchadiens ensemble jettent les bases d'un grand consensus national afin d'arriver au terme de cette transition à des élections libres et transparentes ?"
M. Pahimi Padacké était arrivé en deuxième position de l'élection présidentielle du 11 avril avec 10,32 % des voix, loin derrière le défunt président, qui avait été réélu dès le premier tour avec 79,32 %.
Les États-Unis ont salué de façon mesurée cette nomination. "La nomination d'un Premier ministre issu de la société civile est potentiellement un premier pas positif", a déclaré à la presse Robert Godec, le chef de la diplomatie américaine pour l'Afrique, qui a exhorté à "mettre à profit ce moment pour faire avancer le pays dans la voie démocratique".
Gouvernement de transition
M. Pahimi Padacké avait occupé les fonctions de premier ministre jusqu'en 2018, date de suppression de la fonction. Il sera à la tête, selon la charte de transition, d'un gouvernement de transition dont les membres seront nommés et révoqués par Mahamat Idriss Déby, fils de l'ancien président.
Dans un autre décret signé par le nouvel homme fort du régime, le neveu de l'ancien président Idriss Déby, Idriss Youssouf Boy, a été nommé secrétaire particulier du président du CMT, poste jusqu'ici occupé par l'ancienne Première dame Hinda Itno.
Un "coup d'État institutionnel"
Lors des funérailles d'Idriss Déby, la France, et les pays du G5 Sahel, qui combattent ensemble les jihadistes dans cette région de l'Afrique, avaient appelé à un "processus de transition civilo-militaire".
Les principaux partis d'opposition, ainsi que les syndicats et la société civile, ont dénoncé la semaine dernière un "coup d'État institutionnel" et ont appelé à une "transition dirigée par les civils (...), à travers un dialogue inclusif".
Succès Masra, président du mouvement d'opposition Les Transformateurs, a estimé qu'il "aurait d'abord fallu passer par un président civil et ensuite nommer un Premier ministre civil".
Les Transformateurs, via le collectif Wakit Tamma composé de partis d'opposition et d'associations de la société civile, ont appelé lundi les Tchadiens à "sortir massivement" mardi "pour exiger la démission du CMT". Le ministre de la Sécurité publique a interdit, lundi soir, "sur l'ensemble du territoire national" les manifestations prévues mardi, susceptibles, selon les autorités, "d'occasionner des troubles à l'ordre public".
Les partis d'opposition et la société civile ont également dénoncé "l'ingérence négative de la France dans les affaires intérieures du Tchad".
Avec AFP