
Le chef du programme nucléaire iranien, Ali-Akbar Saléhi, a confirmé vendredi à la télévision d'État que son pays avait commencé à produire de l'uranium enrichi à 60 % en isotope 235. Et ce, bien au-delà des 20 % qu'elle pratiquait depuis janvier et du seuil maximal de 3,67 % autorisé par l'accord international sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015.
L'Iran a annoncé, vendredi 16 avril, avoir commencé à produire de l'uranium enrichi à 60 % en isotope 235, une nouvelle entorse à ses engagements pris devant la communauté internationale.
"Maintenant, nous obtenons 9 grammes par heure" d'uranium enrichi à 60 %, a déclaré en début d'après-midi le président de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Ali-Akbar Saléhi.
L'agence Tasnim avait rapporté un peu plus tôt que la production de cette matière fissile, qui rapprocherait la République islamique du seuil des 90 % permettant une utilisation militaire, avait commencé à l'usine d'enrichissement de Natanz, dans le centre de l'Iran.
Les scientifiques de Natanz "travaillent [encore] sur la façon d'installer les [deux] chaînes de centrifugeuses" destinées à produire de l'uranium enrichi à 60 %, a ajouté Ali-Akbar Saléhi dans un entretien par téléphone avec la télévision d'État.
"Ainsi, notre production (d'uranium à) 60 % diminuera (vraisemblablement) : elle peut passer des 9 grammes (par heure) actuels à 6 grammes, mais en même temps, nous produirons (de l'uranium enrichi à) 20 % avec ces deux chaînes", a-t-il dit.
Après une explosion dimanche dans l'usine d'enrichissement de Natanz, que la République islamique a imputée à Israël, Téhéran avait annoncé mardi qu'il allait enrichir ce minerai à hauteur de 60 %, bien au-delà des 20 % pratiqués depuis janvier et du seuil maximal de 3,67 % autorisé par l'accord international sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015.
Cette annonce survient alors que des discussions ont lieu à Vienne dans le but de sauver ce pacte, sabordé par la décision des États-Unis de s'en retirer unilatéralement en 2018, sous la présidence de Donald Trump.
"Impression général positive"
Qualifié de véritable "provocation" par plusieurs analystes, l'annonce par l'Iran de sa décision de produire de l'uranium enrichi jusqu'à hauteur de 60 %, seuil inédit pour le pays, est le dernier et le plus spectaculaire des reniements iraniens par rapport aux engagements pris par la République islamique à Vienne.
En riposte au retrait des États-Unis de l'accord, et au rétablissement de sanctions américaines contre l'Iran ayant suivi, la République islamique s'est progressivement affranchie à partir de 2019 de la plupart de ses engagements clef.
Une nouvelle session des discussions de Vienne, qui visent à faire revenir Washington dans l'accord et à annuler les sanctions imposées par les États-Unis à l'Iran, a eu lieu jeudi.
Elle a laissé "une impression générale positive", a indiqué l'ambassadeur russe auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à Vienne, Mikhaïl Oulianov, selon lequel "le travail" doit se poursuivre vendredi.
Mercredi, l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, les trois pays européens parties (avec la Russie, la Chine et l'Iran) à l'accord de Vienne avaient "pris note avec une grande préoccupation" de l'annonce iranienne sur l'enrichissement à 60 %.
Le président iranien, Hassan Rohani, a jugé ces "inquiétudes" sans fondement.
"Aujourd'hui même, nous pouvons enrichir à 90 % si nous le voulons, a-t-il dit jeudi, mais nous l'avons déclaré dès le premier jour et nous tenons parole : nos activités nucléaires sont pacifiques, nous ne cherchons pas à obtenir la bombe atomique."
Avec AFP