logo

Plus de 75 % des électeurs invités à désigner leurs députés et leur président se sont déplacés dans les bureaux de vote, selon les médias tunisiens. Le chef de l'État sortant, Zine el-Abidine Ben Ali, est quasiment assuré d'être réélu.

REUTERS - Arrivé au pouvoir en 1987 en écartant Habib Bourguiba pour cause de "sénilité", le président Zine el Abidine ben Ali est assuré de remporter dimanche un cinquième mandat de cinq ans depuis sa première confirmation par les électeurs à la tête de la Tunisie en 1989.

Les résultats officiels de l'élection présidentielle devraient être annoncés lundi par le ministère de l'Intérieur.

it
Sur le terrain : "Les journalistes ne sont pas autorisés à se rendre dans tous les bureaux de vote"

A 14h00 locales (13h00 GMT), l'agence de presse officielle Tap faisait état d'un taux de participation de 75,29%.

Le chef de l'Etat sortant, qui est âgé de 73 ans, est opposé à trois autres candidats, dont un seul opposant crédible, Ahmed Brahim, du mouvement Ettajdid (Renouveau).

"Le but principal (de ma candidature) est de faire en sorte que le peuple tunisien puisse faire son choix librement et sans crainte", a-t-il expliqué après avoir voté dans la capitale. "J'espère que les résultats seront aussi proches que possible de la réalité".

Les deux autres candidats - Mohamed Bouchiha, du Parti de l'Unité populaire (PUP) et Ahmed Inoubli, de l'Union démocratique unioniste (UDU) - se montrent peu critiques à l'égard du pouvoir.

Les détracteurs du président sortant l'accusent d'avoir réduit au silence toute dissidence, mais nombre de Tunisiens plaident qu'il a métamorphosé leur pays étroitement dépendant du tourisme en l'un des plus prospères et stables politiquement d'Afrique du Nord.

La petite Tunisie est aussi considérée par les gouvernements occidentaux comme un rempart contre l'extrémisme islamiste dans une région troublée.

"Il est le sauveur du pays", déclare dimanche Nejia Azouzi, une Tunisoise de 50 ans, après avoir voté dans un bureau de la rue de Marseille.

A la veille du scrutin, Ben Ali a menacé des rigueurs de la loi ceux qui mettraient en doute la transparence et l'intégrité du vote. "La loi sera appliquée (...) avec rigueur contre quiconque répandrait des doutes ou des accusations sur l'intégrité du processus électoral sans fournir de preuve irréfutable", a déclaré le président dans une allocution télévisée.

Des mouvements internationaux de défense des droits de l'homme ont estimé que le scrutin ne serait probablement pas libre et démocratique en raison de restrictions imposées aux adversaires de Ben Ali, allégations que rejettent les autorités.

"VERNIS DE DÉMOCRATIE"?

{{ scope.counterText }}
{{ scope.legend }}
{{ scope.counterText }}
i

{{ scope.legend }}

© {{ scope.credits }}

Après avoir déposé Bourguiba dont il était alors Premier ministre, Ben Ali a été confirmé en 1989 à la présidence, puis réélu cinq ans plus tard, sans opposition.

Il a ensuite été reconduit en 1999 et 2004 avec plus de 99% et de 94% des voix,malgré l'introduction formelle du pluralisme.

Les Tunisiens étaient également appelés à renouveler leur Parlement, où le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti du président, détient 80% des sièges et devrait retrouver sans difficulté sa majorité.

En lançant sa campagne, Ben Ali a promis que, une fois réélu, il réduirait le chômage et s'efforcerait d'accroître de 40% le revenu par habitant, déjà comparativement haut dans ce pays qui compte plus de dix millions d'âmes.

"Aucune famille tunisienne ne restera sans travail ou source de revenu pour au moins un de ses membres d'ici à la fin de 2014", a promis cet ancien responsable de l'appareil de sécurité tunisien originaire de la province du Sahel.

Ben Ali a aussi promis plus de démocratie. "L'étape à venir verra l'Etat soutenir davantage les partis politiques, la presse et les médias en général", a ajouté cet ancien général de police formé en France à Saint-Cyr et aux Etats-Unis.

Les organisations de défense des droits de l'homme jugent que le système politique tunisien ne présente qu'un vernis de démocratie et affirment qu'il réprime durement toute opposition, une accusation que le gouvernement nie farouchement.

Le président Ben Ali est soumis à des pressions intérieures et extérieures pour concéder une véritable ouverture politique à l'occasion de sa vraisemblable reconduction à la présidence jusqu'en 2014.

Mais ses opposants demeurent sceptiques.

"Rien ne suggère qu'il y a des (vraies) élections dans ce pays. Ce scrutin était censé montrer la maturité des Tunisiens, mais il semble que ce soit une occasion manquée", déplore Fathi Touzri, qui a vainement tenté de se faire élire en tant qu'indépendant aux dernières législatives.