logo

Le président Sassou Nguesso accusé d'avoir usurpé la signature de Nelson Mandela

Pour les besoins de son livre, le président congolais Denis Sassou Nguesso a repris un discours de l'ancien chef de l'État sud-africain datant de 1996. Sans autorisation. La Fondation Nelson Mandela envisage de porter plainte.

Embrouille entre la Fondation Nelson Mandela et la présidence de la République du Congo-Brazzaville. Dans un livre publié juste avant sa réélection du mois de juillet, le numéro un congolais Denis Sassou Nguesso aurait utilisé de façon abusive des propos prêtés à l’ancien chef de l'Etat sud-africain Nelson Mandela.

Dans l’avant-propos, le texte, attribué à la figure de la lutte anti-apartheid, affirme : "Je reconnais en Denis Sassou Nguesso, un homme qui n'est pas seulement un de nos grands dirigeants africains, mais aussi un de ceux qui ont donné leur appui inconditionnel à la demande de nos combattants pour la liberté, et qui ont travaillé sans relâche pour libérer les peuples opprimés de leurs chaînes et aider à restaurer leur dignité et d'espoir." A Brazzaville, le livre fait un tabac...

Seul hic, selon la Fondation Nelson Mandela, ce dernier n’a pas lu le livre de Sassou Nguesso... et n’a donc pas pu en écrire l’avant-propos. La Fondation accuse le pouvoir de Brazaville d’avoir utilisé de façon abusive un extrait de discours de Nelson Mandela datant de 1996 et promet des poursuites.

"Ce n'est pas honnête"

Au Congo, l’opposition a emboîté le pas. Mathias Dzon, président du Front des partis de l’opposition, rappelle que "lorsque l’ANC [Congrès national africain] luttait pour l’indépendance de l’Afrique du Sud, le Congo l'a beaucoup soutenu. Mais le mettre dans un livre de propagande politique, ce n’est pas honnête, le contexte n’est plus du tout le même".

Sous prétexte que le Congo-Brazzaville a autrefois soutenu la lutte contre l’apartheid, le pouvoir d’aujourd’hui pensait pouvoir utiliser le discours de1996 sans autorisation. Alain Akoualla, ministre d’Etat, estime que "l’autorisation a été obtenue par le sang que les Congolais ont versé pour la libération de Nelson Mandela, lorsqu’il était en prison et traité de terroriste".

Certes, Brazzaville fut autrefois un haut lieu de la lutte contre l’apartheid sud-africain. Mais la Fondation Nelson Mandela ne reconnaît pas au président Sassou Nguesso le droit de faire une utilisation politique de cet héritage.