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Affaire Bygmalion: le procès de Nicolas Sarkozy renvoyé du 20 mai au 22 juin

Le procès de l'affaire Bygmalion autour du financement de la campagne présidentielle 2012 de Nicolas Sarkozy a été renvoyé, mercredi, au 20 mai prochain en raison de l'hospitalisation de l'avocat de l'un des prévenus.

Faux départ pour le procès Bygmalion. Cette affaire portant sur les soupçons de financement illégal de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012 a été renvoyée au 20 mai prochain. L'avocat de l'un des prévenus était en effet incapable d'assister à l'audience en raison de son hospitalisation due au Covid-19.

Le procès Bygmalion se tiendra donc sur un mois, entre le 20 mai et le 22 juin, a décidé le tribunal, mercredi 17 mars, après plus d'une heure trente de délibéré.

Prévenu le plus attendu du procès, l'ancien président de la République ne s'est pas présenté à l'audience en raison de la demande de renvoi, a-t-il fait savoir.

À l'origine de la demande de renvoi, Jérôme Lavrilleux - à l'époque directeur adjoint de la campagne - a assuré à la barre qu'il aurait pourtant souhaité que ce procès se tienne au plus vite.

"J'attends ce procès, de pouvoir vous répondre, depuis février 2017", a-t-il déclaré au tribunal.

Son avocat Me Christian Saint-Palais est atteint du Covid-19 et hospitalisé.

"Je n'ai jamais, au cours de cette instruction, voulu la retarder par un recours. Mais là, je suis désemparé", a expliqué, la voix nouée, M. Lavrilleux.

Tous les avocats y compris ceux des parties civiles ainsi que le parquet ont donné leur aval au renvoi demandé par M. Lavrilleux.

L'affaire qui a fait exploser la droite

Jérôme Lavrilleux est un protagoniste central de cette affaire qui a causé des déflagrations en cascade à droite, et le premier à avoir avoué sa participation à une vaste escroquerie à base de fausses factures, visant à attribuer au parti UMP (devenu depuis Les Républicains) les dépenses excessives de la campagne Sarkozy.

À l'audience, l'avocat historique de Nicolas Sarkozy, Thierry Herzog, a fait passer au tribunal un courrier expliquant que son client avait été "informé de la demande de renvoi" et, de ce fait, "n'entendait pas être présent".

C'est la seconde fois en quinze jours que l'ex-président se retrouve devant la justice.

Le 1er mars, il était devenu le premier ex-président de la Ve République à être condamné à trois ans d'emprisonnement, dont un ferme, pour corruption et trafic d'influence.

Il encourt dans le dossier Bygmalion un an d'emprisonnement et 3 750 euros d'amende.

Contrairement à ses 13 co-prévenus - anciens cadres de Bygmalion et de l'UMP, experts-comptables - renvoyés notamment pour escroquerie ou complicité, M. Sarkozy n'est pas mis en cause pour le système de fausses factures imaginé pour masquer les dépenses excessives de sa campagne.

Mais, selon l'accusation, Nicolas Sarkozy a laissé filer les dépenses malgré plusieurs alertes claires sur les risques de dépassement de plafond et il a "incontestablement" bénéficié de la fraude qui lui a permis de disposer de "moyens bien supérieurs" à ce qu'autorisait la loi : au moins 42,8 millions au total, soit près du double du plafond légal à l'époque (22,5 millions d'euros).

Dérive "spectaculaire" des dépenses

L'enquête décrit une campagne qui se voulait d'abord "éclair" pour le président sortant - seuls une quinzaine de meetings prévus, dont trois ou quatre grands rassemblements.

Mais la machine s'emballe : "moyens techniques les plus en pointe" pour la scène, le son et l'éclairage, "mise en scène grandiose et millimétrée" pour les grands meetings... les prix n'en finissent plus de grimper.

Et alors que les premières alertes de risques de dépassement tombent, le candidat demande au contraire qu'on accélère le rythme. Il y aura au total plus de 40 meetings.

Pour éviter au candidat de devoir reconnaître publiquement que ses dépenses avaient dérivé "de manière spectaculaire", "avec les conséquences politiques et financières" qui s'en seraient suivies, il a été décidé de "purger" le compte de campagne, soutient l'accusation.

Grâce à un système de double facturation, le prix des meetings est drastiquement réduit et le reste est facturé à l'UMP, au nom de conventions fictives du parti.

Guerre fratricide

Le procès risque de rallumer une guerre fratricide au sein de la droite française, le camp sarkozyste et les proches de Jean-François Copé se rejetant mutuellement la responsabilité de la fraude.

Jérôme Lavrilleux (à l'époque également directeur de cabinet du patron de l'UMP Jean-François Copé) est le seul au parti  à avoir reconnu les faits.

Il avait d'abord été accusé d'avoir constitué un "trésor de guerre" au profit de l'avenir politique de son patron.

Jamais mis en cause, Jean-François Copé sera entendu au procès comme simple témoin. Certains avocats, dont celui de M. Sarkozy, n'ont pas manqué, mercredi, de l'égratigner en laissant entendre que l'ancien secrétaire général de l'UMP était forcément au courant des comptes calamiteux de son parti.

"Je continue à me demander où est passé l'argent", avait dit Nicolas Sarkozy devant les enquêteurs, estimant que le prix moyen de ses meetings était "en ligne" avec ceux de son opposant François Hollande.

Avec AFP