Pas facile d’être une fille en Inde. Dans une société encore très patriarcale, les écoles "Pardada Pardadi" offrent un espoir d'émancipation à beaucoup d’entre elles. Elles sont des milliers à pouvoir ainsi bénéficier d'une éducation gratuite, de repas chauds ainsi que de services de santé. Les "Pardada Pardadi" souhaitent que les femmes s’élèvent dans un combat féministe et prennent leur place dans la croissance de la nation. Nos reporters vous emmènent à la découverte d'une école pas comme les autres, où l'éducation, entièrement gratuite, prône des valeurs féministes.
Depuis vingt ans, les écoles du réseau "Pardada Pardadi" accueillent uniquement des filles. Dans ces établissements peu ordinaires, on leur apprend tout simplement… le féminisme. Une révolution en Inde, où la plupart des jeunes filles n’ont pas le droit de s’exprimer. Et c’est un succès ! Le s élèves des écoles "Pardada Pardadi" ont un taux de présence de 85 %, contre 65 % dans les autres écoles de l’Uttar Pradesh. Les établissements leur fournissent le matériel d'étude, les uniformes, le transport, trois repas par jour, des serviettes hygiéniques ainsi que des services de santé.
La Pardada Pardadi Educational Society a été créée en 2000 par Virendra Singh, un ingénieur qui, après avoir travaillé plusieurs années aux États-Unis, a décidé de revenir dans sa ville natale d'Anupshahar, dans l'Uttar Pradesh.
Cet État du nord de l’Inde est marqué par la pauvreté et réputé pour ses crimes violents. Les femmes y sont quotidiennement discriminées et souvent victimes d’abus sexuels ou de violences domestiques. Le taux d'analphabétisme féminin y atteint des sommets.
Pauvreté et discriminations à l'encontre des filles
Grâce à des cours d’informatique, d’anglais, de sport, de dessin et des matières classiques, 1 743 filles âgées de 12 à 17 ans peuvent s’épanouir et prendre confiance en elles. À travers la pratique du basketball ou du théâtre notamment, elles prennent conscience qu’elles peuvent faire les mêmes choses que les hommes.
Les écoles organisent aussi des temps de parole au cours desquels les filles peuvent échanger avec une de leurs professeures sur les problèmes qu’elles rencontrent à la maison. Agressions, violences, abus sexuels, mariages forcés... Toutes les filles de cette école vivent, ou ont vécu, des situations traumatisantes.
Dans ce reportage, l'une d'elle, Ishrat, 16 ans, partage avec sa professeure sa peur que ses parents la marient et l'obligent à arrêter l’école pour des raisons financières.
En Inde, le fléau des mariages arrangés
En Inde, un des obstacles à l'éducation des jeunes filles reste les mariages arrangés. "Quand les parents veulent marier leur fille sans son consentement, parfois, je prends contact avec la famille et j'essaie de les en dissuader", explique le directeur de l'école.
"Je viens d'une région rurale, et ma famille ne peux pas payer pour que je fasse des études", explique Kanika, une autre élève de "Pardada Pardadi" . "Dans mon village, c'est difficile d'aller à l'école parce que beaucoup de personnes ne sont pas très ouvertes d'esprit et ne veulent pas que leurs enfants aillent à l'école. Mais moi, je veux devenir docteur et je sais que je peux réaliser mon rêve", raconte-t-elle.
En Inde, le mariage forcé des jeunes filles est une réalité bien présente. L'ONG World Vision estime que l'aggravation de la pauvreté provoquée par la pandémie de coronavirus est susceptible de pousser de nombreuses familles à marier leurs filles.
Découvrez notre reportage au cœur d'un établissement scolaire qui bouleverse le destin des élèves qui la fréquentent, dans un pays, l'Inde, ou seulement 7% des femmes ont une activité professionnelle.