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Nouvelles tensions à Rangoun, où la police chasse les manifestants

Des centaines de manifestants anti-coup d'État ont de nouveau été dispersés par la police anti-émeute birmane, vendredi, à Rangoun. Le représentant permanent de la Birmanie à l'ONU a pris ses distances avec la junte en appelant la communauté internationale à aider à mettre fin au putsch.

La police anti-émeute birmane s'est déployée, vendredi 26 février, à la mi-journée, autour des carrefours-clés de Rangoun pour disperser des centaines de manifestants anti-coup d'État rassemblés pour demander le retour de la démocratie et la libération d'Aung San Suu Kyi. 

La Birmanie est traversée par une vague de colère qui a vu jusqu'à des centaines de milliers de manifestants dans la rue quotidiennement contre la junte au pouvoir depuis le putsch du 1er février. Une contestation qui a également rebondi vendredi dans l'enceinte de l'ONU, où le représentant permanent du pays, Kyaw Moe Tun, a critiqué la junte en appelant "à la fin du coup d'État" et en réclamant à la communauté internationale l'action "la plus forte possible" contre ses responsables.

Nouvelles tensions à Rangoun, où la police chasse les manifestants

En Birmanie, la police et l'armée ont déjà usé de la force dans plusieurs villes. Mais à Rangoun, les autorités ont fait preuve de retenue jusqu'ici, se contentant de présence et de barricades à plusieurs points stratégiques de la capitale économique du pays.

"Frappé à la tête avec une matraque"

Vendredi, la police anti-émeute a avancé sur les manifestants, pour la plupart assis et scandant des slogans pro-démocratie, pour les sommer de se disperser.

Au moins deux personnes ont été arrêtées, dont un reporter japonais indépendant Hiroki Kitazumi, et la police a dégagé la principale artère, obligeant les manifestants et les journalistes à se déporter dans les rues secondaires. 

Selon des témoins de la scène, le journaliste "a été frappé à la tête avec une matraque mais il portait un casque", a publié son assistant Linn Nyan Htun sur Facebook, ajoutant qu'il était en contact avec l'ambassade du Japon. 

Un policier a nié que Hiroki Kitazumi ait été battu, mais a confirmé que le journaliste avait été détenu dans un poste de police local et serait libéré après avoir déposé sa déclaration.

Près du carrefour Myaynigone, un quartier résidentiel, les manifestants ont érigé des barrières avec des tables et du barbelé pour empêcher les policiers de les arrêter.

Près d'un autre carrefour en centre-ville, Hledan, les manifestants s'éloignaient de l'artère principale en courant alors que la police se rapprochait d'eux lentement et alignés. "Si vous ne le faites pas, nous devrons vous disperser par la force !", a annoncé la police par mégaphone.

Une fois la circulation rétablie, certains automobilistes lançaient le salut à trois doigts, un symbole de résistance.

Tirs à balles réelles

Aucun blessé n'a été rapporté, mais la tension à Rangoun est vive depuis jeudi, quand un rassemblement pro-militaire a été toléré dans une zone du centre-ville habituellement interdite aux manifestants. Des affrontements entre habitants pro-démocratie et militants pro-armée munis de bâtons, de lance-pierres et certains de couteaux, avaient alors éclatés.

Jeudi soir, Tamwe, un quartier de Rangoun a vu des soldats et des policiers se rassembler pour mettre fin à une petite manifestation contre un responsable municipal nommé par la junte.

Selon le journal d'État Mirror Daily, vendredi, les autorités ont déployé des grenades assourdissantes et tiré à balles réelles en l'air pour disperser les manifestants.

Vingt-trois personnes "seront confrontées à des actions conformément à la loi", est-il écrit dans l'organe officiel.

Depuis le coup d'État, quatre personnes ont trouvé la mort lors de manifestations, une autre est décédée au cours d'une patrouille nocturne, tandis que l'armée a signalé de son côté qu'au moins un policier avait été tué.

Par ailleurs, plus de 720 personnes ont été arrêtées.

Avec AFP