En 2011, une vague de manifestations inédite, connue sous le nom de "Printemps arabe", bouleversait le Maghreb et le Moyen-Orient. Des millions de personnes descendaient dans les rues pour défier l’ordre établi. De la Tunisie à l’Égypte en passant par la Libye ou le Bahreïn, les équipes de France 24 étaient sur le terrain pour couvrir ces événements. Dix ans après, cette édition de "Reporters" revient sur les origines du mouvement, sa chronologie, ses conséquences ainsi que les leçons qui ont pu en être tirées.
Un événement d’une ampleur inédite, une secousse qui a pris de court des autocrates au pouvoir depuis des décennies… Il y a dix ans commençait le Printemps arabe. Ce mouvement de révolte a embrasé une partie du Maghreb et du Moyen-Orient en 2011. De la Tunisie au Bahreïn, des millions de personnes ont bravé l’interdit, souvent au péril de leurs vies, avec une principale revendication : celle de pouvoir bénéficier d’élections libres, d’une vraie démocratie et du droit de choisir leur gouvernement.
Julien Chehida et les reporters de France 24 nous font revivre ces quelques mois qui ont bouleversé la planète.
Tunisie
Le 14 janvier 2011, la Tunisie est en ébullition : le président Zine el-Abidine Ben Ali, au pouvoir depuis 23 ans, quitte le pays pour se réfugier en Arabie saoudite. Un mois auparavant, l’immolation d’un jeune marchand désespéré avait embrasé tout le pays et déclenché des manifestations monstres réclamant la fin de son régime autoritaire.
Égypte
Dix jours après la chute de Ben Ali, la contestation populaire gagne l’Égypte. Au Caire, l’immense place Tahrir est transformée en place forte de la révolution. Après trois semaines d’une contestation inédite, le président Hosni Moubarak démissionne et le pays bascule dans une nouvelle ère.
Libye
Lorsque le Printemps arabe gagne la Libye, à partir de mi-février 2011, le colonel Khadafi, alors au pouvoir à Tripoli, dit ne pas s’inquiéter de la colère qui gronde dans le pays. Mais en réalité, le pays va rapidement sombrer dans la guerre civile. En octobre 2011, le colonel Khadafi est tué dans la banlieue de Syrte, dans des conditions encore non éclaircies à ce jour.
Yémen
Le Printemps arabe se propage aussi à l’Est : au Yémen, des manifestations inédites réclament le départ du président Ali Abdallah Saleh, mais cette révolte est réprimée dans le sang. Depuis 2011, la révolution a laissé place au chaos et à la guerre, plongeant le pays dans l’une des pires crises humanitaires au monde.
Bahreïn
À Manama, au Bahreïn, la place de la Perle est devenue le symbole de la révolte pacifique du peuple contre la minorité sunnite au pouvoir, mais aussi de la violente répression à laquelle elle s'est heurtée, qui fera au moins 50 morts. Un mois à peine après le début du mouvement, L’Arabie saoudite apporte son soutien logistique et militaire à son voisin. La révolution bahreïnie n’aura pas lieu…
Syrie
En mars 2011, rien n’indique que la Syrie, dirigée d’une main de fer depuis quatre décennies par le clan Assad, sera, elle aussi, emportée par la vague. Et pourtant, des manifestations éclatent à Deraa et dans d'autres villes du pays, réprimées dans le sang. Des manifestants sont tués par dizaines, c’est le début de la guerre civile. Au fil des mois, la répression s’amplifie et bascule dans l’horreur.
Dix ans plus tard
Si en 2011, le Printemps arabe était un espoir de liberté pour le monde arabo-musulman, il n’a débouché que sur une seule transition démocratique qui, bien que fragile, perdure à ce jour : celle de la Tunisie. En 2012, l’Égypte avait élu son premier président par la voie des urnes, Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, mais un coup d’État opéré par le maréchal Sissi en 2013 a replongé le pays dans un régime autoritaire. Depuis la mort du colonel Khadafi, la Libye est déchirée entre des factions rivales, qui malgré les tentatives de paix, semblent irréconciliables. Enfin, le syrien Bachar al-Assad, lui, est toujours au pouvoir à Damas. Son pays, brisé, est aujourd’hui un champ de ruines.