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Le procureur de Paris a requis 18 mois de prison avec sursis et une amende de 45 000 euros contre l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin pour "complicité" de dénonciation calomnieuse dans l'affaire Clearstream.
Le procureur de la République de Paris a requis, ce mardi, une peine de 18 mois de prison avec sursis et 45 000 euros d’amende à l’encontre de Dominique de Villepin. Selon Jean-Claude Marin, l’ancien Premier ministre s'est rendu "complice" de dénonciation calomnieuse dans l'affaire Clearstream "en cautionnant par son silence" les agissements de Jean-Louis Gergorin.
Nicolas Sarkozy avait promis de me pendre à un croc de boucher, je vois que la promesse a été tenue
Dominique de Villepin, devant la presse à l'issue de l'audience
"Je veux croire que le procureur a exprimé aujourd'hui devant le tribunal son intime conviction, il n'a pas dit la réalité des faits, je ne crois pas non plus qu'il ait dit la vérité du droit", a déclaré Dominique de Villepin devant la presse à l'issue de l'audience.
Le duo Gergorin-Lahoud dans l’œil du cyclone
Au début de son réquisitoire contre les cinq prévenus du procès Clearstream, le procureur Jean-Claude Marin s’est défendu de faire un procès politique à l'ancien Premier ministre. "Ne sont jugés ni opinions, ni opposants politiques, mais des prévenus d'infractions de droit commun", a-t-il déclaré. Avant d’ajouter : "Ce procès est le procès de méthodes inacceptables, empruntées aux périodes noires de notre histoire, (...) ce procès est celui de personnes pour qui la fin justifie les moyens". Dominique de Villepin encoure une peine de 5 ans d'emprisonnement et 375 000 euros d'amende.
Le parquet a également requis une peine de 3 ans, dont 18 mois avec sursis, à l’encontre de Jean-Louis Gergorin. Et une peine de 2 ans de prison, dont 6 mois avec sursis, contre Imad Lahoud. Tous deux sont poursuivis pour "dénonciation calomnieuse", "faux et usage de faux" et "recel d'abus de confiance et de vol". Ce mardi, le vice-procureur Romain Victor avait chargé dans des termes très durs ces deux prévenus. Il a affirmé que la dénonciation calomnieuse dans l'affaire Clearstream est "l'œuvre" de l'ancien vice-président d'EADS, et de Lahoud, un "escroc" qui a une "responsabilité immense" et a été le "complice intéressé et malveillant" de Gergorin. Pour le représentant de l'accusation, "les dénonciations servaient les intérêts respectifs, matériels et moraux, de l'un et de l'autre".
Place à la défense dès mercredi
Par ailleurs, le ministère public a requis sans surprise la relaxe du journaliste Denis Robert, qui était poursuivi pour le recel à Imad Lahoud des listings bancaires authentiques de Clearstream.
Le parquet de Paris a enfin requis une peine de quatre mois avec sursis pour l'auditeur Florian Bourges, à l’origine de l’affaire et poursuivi pour "abus de confiance". Alors qu’il était en stage au sein de la société d'audit Arthur Andersen, Florian Bourges a imprimé les fichiers authentiques qui ont été falsifiés par la suite.
Mercredi, place à la défense, qui doit plaider durant trois jours, dont un pour les avocats de Dominique de Villepin. Le jugement sera mis en délibéré vendredi après les plaidoiries de la défense.