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Tunisie : sixième nuit d'échauffourées, le Premier ministre dit entendre la "colère"

Le Premier ministre tunisien a reconnu, mardi soir, la légitimité de la colère des Tunisiens, qui ont manifesté pour la sixième nuit consécutive, afin de réclamer "la chute du régime".

De violents affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont éclaté, mardi 19 janvier, pour une sixième nuit consécutive dans plusieurs villes tunisiennes, dont la capitale Tunis et Sidi Bouzid, berceau de la "révolution de jasmin". Face à une frustration de la population grandissante en pleine crise économique, le Premier ministre Hichem Mechichi a assuré que cette colère était "légitime".

"La crise est réelle et la colère est légitime et les protestations aussi, mais la violence est inacceptable et nous y ferons face avec la force de la loi", a réagi le Premier ministre tunisien Hichem Mechichi lors d'un discours télévisé mardi soir.

"Votre voix est entendue et le rôle du gouvernement est de transformer vos revendications en réalité", a-t-il ajouté, mais le droit de manifester "ne doit pas se transformer en droit de piller, voler ou casser".

Plus tôt, les manifestants réunis à Tunis ont repris les chants entonnés dix ans plus tôt pour chasser du pouvoir l'autocrate Zine El Abidine Ben Ali, scandant : "Le peuple veut la chute du régime".

À Sidi Bouzid, la police a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser la foule, ont dit des témoins à Reuters. Des affrontements ont éclaté dans des quartiers défavorisés de Tunis, où des centaines de jeunes manifestants en colère ont incendié des pneus et bloqué des routes.

"Le désespoir s'est généralisé"

Au cours de la journée, les manifestants ont notamment demandé la création d'emplois, alors que les restrictions sanitaires imposées face au coronavirus ont encore davantage creusé le malaise économique.

"Le désespoir s'est généralisé. Le virus s'ajoute à la pauvreté et au chômage. Dix ans après (la révolution, NDLR), nos demandes ne se concrétisent pas", a déploré auprès de l’AFP Donia Mejri, 21 ans, étudiante en sciences humaines.

"Nous ne voulons ni détruire ni voler. Nous voulons nos droits, et nous n'arrêterons pas avant que ce gouvernement parte", a affirmé à Sfax Ghazi Tayari, membre de la société civile, à l’AFP.

Avec AFP et Reuters