logo

Covid-19 : le "mutant" britannique devrait dominer en France d'ici deux à trois mois

Le "mutant" britannique, retrouvé aujourd'hui dans 1,3 % à 1,4 % des tests positifs au Covid-19 en France, devrait remplacer le virus actuel dans deux à trois mois. "C'est une bascule inéluctable", explique à l'AFP le Pr Bruno Lina, qui coordonne au niveau national la cartographie de sa circulation.

Alors que plusieurs variants se propagent dans le monde et que l'OMS s'apprête à faire des recommandations à ce sujet, le variant britannique du Covid-19 devrait se substituer inéluctablement au virus actuel en France d'ici deux à trois mois. "Toutes les mesures que l'on prendra ne feront pas disparaître le mutant britannique", a expliqué jeudi 14 janvier le Pr Bruno Lina.

"C'est une bascule inéluctable. L'important, c'est que ça se passe sans coût pour la santé publique", poursuit le professeur de virologie au CHU de Lyon.

"En poursuivant les gestes barrières, les masques, la distanciation et la vaccination, en premier lieu des plus fragiles, cela réduira sa dynamique (...) Ce sera de la gestion de l'épidémie", relève celui qui est aussi directeur du Centre national de référence des virus infectieux respiratoires à l'hôpital de la Croix-Rousse et chercheur au Centre international de recherche en infectiologie (Ciri).

"Plutôt que de variant, je préfère parler de mutant britannique, même si le mot peut faire un peu peur. C'est en quelque sorte un clone", remarque le Pr Lina qui traque ce nouveau venu de Grande-Bretagne, où il flambe depuis quelques semaines.

Les résultats de "notre dernière 'enquête flash' qui porte sur tous les tests PCR positifs au Covid-19 des 6 et 7 janvier montre en données consolidées que 1,3 % à 1,4 % des virus circulant en France sont porteurs du mutant britannique", dévoile le virologue, également membre du Conseil scientifique du gouvernement. "Ça va peut-être bouger encore un peu, mais à la marge."

La reprise épidémique pas liée à la présence du variant

"Il y a peut-être une surestimation de la circulation car certaines détections du variant ont été faites dans un contexte de 'cluster' avec plusieurs dizaines de cas", relève-t-il. "On note aussi des disparités régionales."

"Il ne faut pas imaginer que parce qu'on en a trouvé 1,4 % début janvier, on va en retrouver 30 % fin janvier. Ce serait très inquiétant. Mais c'est très peu probable", estime le Pr Lina. "Et si jamais ça arrive, c'est qu'à un moment donné, on a raté le contrôle de la circulation de ce virus."

Outre-Manche, la mutation a mis environ deux à trois mois à monter en puissance. "Légitimement, on peut penser que l'expansion du virus prendra le même temps en France. Si on ne fait rien".

Une chose est sûre : "Ce virus est là. Il circule et va inexorablement augmenter par rapport aux autres virus. Ce n'est pas la présence de ce variant qui explique la reprise épidémique. C'est très clair, celle que l'on voit aujourd'hui n'est pas due à ce 1,4 % des virus détectés."

Et le virus britannique "n'est ni plus dangereux, ni plus pathogène, mais il est plus transmissible", rappelle-t-il. 

Les variants sud-africain et brésilien et l'immunité vaccinale

Une mutation du virus peut-elle remettre en cause l'efficacité des vaccins anti-Covid-19 ? Cela ne semble pas être le cas avec le britannique, qui n'est "pas un variant antigénique mais un variant de comportement". 

En revanche, "avec les variants sud-africain et brésilien, retrouvé aussi au Japon, il y a un signal comme quoi l'immunité ne protègerait pas parfaitement. Cela voudrait dire que l'efficacité des vaccins actuels pourrait être moins bonne".

Mais, rassure le Pr Lina, "les vaccins à ARN messager sont faciles à faire évoluer rapidement, en quelques semaines".

Dans ce cas, il suffirait "d'une vaccination complémentaire pour le nouveau variant, avec une seule dose pour des personnes déjà vaccinées. On a de la ressource", assure-t-il.

Avec AFP